Cette nouvelle création fait suite à l’appel à projets « Création Partagée Edition #1 » et reçoit le soutien à la création de la DRAC Grand Est (le dispositif Jeunes Estivants coordonné par Scènes et Territoires) , du Ministère de l’Education Nationale, du Conseil Départemental des Vosges, de la communauté de communes des Hautes-Vosges et du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges.

 

Une nouvelle création en immersion dans les Vosges

La compagnie IPAC avait pour souhait de créer hors du théâtre et de travailler les paysages, à l’extérieur, tel un tournage au cinéma mais sans les caméras et écrans. L’idée de départ était de mettre en lumière et en son les décors déjà existants pour raconter une histoire qui implique les publics.

Il y a un réel engagement auprès de toute l’équipe artistique et les collaborateurs techniques (scénographes, concepteurs lumière, directeurs techniques, costumières, …) pour créer des spectacles qui mettent en immersion, en pleine nature ou en salle, avec un univers sonore et visuel très prononcé.

Etre dehors, c’est aussi pour IPAC une manière de faire découvrir au public ces autres métiers du théâtre et mettre en lumière les techniciens. On y découvre un lieu qui est éclairé autrement, qui a été transformé.

 

Une série théâtrale… 4 épisodes, 4 lieux insolites

Cette création fait écho au format court de séries de 45 minutes que l’on peut voir aujourd’hui sur des plateformes telles que Netflix. « On a fait une sorte d’étude un peu intuitive du temps d’attention que pouvait accorder les publics au spectacle. Puis c’est un format qui permet aux personnes qui travaillent et aux familles avec des enfants de faire le déplacement, sans que cela devienne trop lourd ».

Ainsi, la compagnie IPAC a répondu à la commande de la Communauté de Communes des Hautes Vosges dans le cadre du Plan Paysage qui souhaitait que plusieurs thèmes soient abordés dans des lieux différents déjà repérés. « Il y avait ces ‘contraintes’ qui nous ont finalement beaucoup aidé en tant qu’artistes en nous évitant de partir uniquement de nos ressentis émotionnels. On a découvert en faisant. »

Les épisodes se suivent et la compagnie découvre alors un public de retour à chaque rendez-vous. « On a croisé beaucoup de familles avec parfois des enfants en bas âge. On a fait la rencontre de personnes qui n’avaient pas pour habitude d’aller au théâtre et qui étaient très agréablement surpris. Et nous l’étions aussi ! Cela a créé du lien entre eux et avec nous, acteurs et concepteurs. C’était très valorisant pour tout le monde. »

Ce travail a également permis à IPAC de se questionner sur comment renouveler le public et faire venir des jeunes au théâtre (adolescents et jeunes adultes) et qu’ils aient l’envie d’aller au théâtre plutôt que de rester devant les écrans.

Et ce format séries fonctionne. Les spectateurs se font attraper par la fiction. Ils croient aux personnages. La compagnie finit par tisser une histoire.

IPAC souhaite réitérer l’expérience d’une fiction qui se poursuit et qui va chercher un public qui viendrait au théâtre comme il regarderait « Plus belle la vie » à la télévision. Les artistes réfléchissent actuellement sur une série qui s’implanterait sur un lieu unique vosgien qui n’est pas destiné au théâtre. Au-delà de l’aspect écologique et économique, ils ont l’envie d’exploiter au mieux un même lieu afin de le faire découvrir autrement, à chaque épisode.

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Un thriller théâtral

Le mode de thriller théâtral plait beaucoup aux gens. Ça rejoint un thème populaire de ce qu’on peut voir à la télévision avec le suspens et l’univers mystérieux de la nuit. 

La compagnie a débuté avec 4 mois d’intervention auprès d’enfants âgés de 6 à 12 ans. Ils ont recueilli leurs témoignages sur leurs rapports à la vie, à la nature et l’écologie, à la crainte de demain, et à leur imaginaire. « Cela a permis de libérer la parole sur plein de choses. »

A partir de là, l’intrigue est née : un déluge frappe le territoire et les enfants décident de faire face à la situation d’urgence climatique pour trouver des solutions pour protéger les adultes. Leur soudaine disparition lève des doutes et des inquiétudes.

Le 1er épisode a été filmé et introduit à chaque épisode suivant comme un récapitulatif de l’intrigue. « Après le déluge » couvre l’enquête de la disparition des enfants. Un inspecteur de police est appelé de Bruxelles pour venir les trouver. On fait la rencontre des enquêteurs et des enquêtés.

 

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Un théâtre aujourd’hui pour un monde de demain

« Après le Déluge » parle de situation d’urgence climatique et d’enfants acteurs du monde de demain. C’est un théâtre qui souhaite sensibiliser et ouvrir la parole pour avancer vers un meilleur monde.  IPAC est une compagnie de jeunes artistes, tous concernés par ces sujets d’actualité.

C’est nous demain qui allons faire des enfants. Intimement nous sommes tous en questionnement. 

 

Des challenges rencontrés, des challenges surmontés

La compagnie a rencontré un grand challenge en terme de timing. Ils ont eu une semaine pour s’implanter, dessiner une histoire et un décor, penser l’éclairage, … Ils devaient créer vite et écrire au fur et à mesure des épisodes. Ils ont suivi leur intuition et se sont rendu compte que c’était vers là qu’ils voulaient orienter le travail des créations de la compagnie.

La météo était également un facteur à prendre en compte à chaque épisode. « Jusqu’à la dernière minute nous étions menacé de décamper ou trouver des solutions. »

 

Une belle collaboration avec la jeunesse

IPAC a travaillé avec 180 enfants et leurs enseignantes de 8 différentes écoles vosgiennes (Thiéfosse, Sapois, Cleurie, Gerbamont, Basse-sur-le-Rupt, Faucompierre, Laveline-du-Houx, La Forge). « Les 8 maîtresses d’écoles ont vraiment été des collaborateurs. C’était très touchant. Elles ne nous ont pas lâché jusqu’au dernier épisode. » 

La rencontre avec les enfants, qui n’était pas prévu au départ, était en réponse à cet appel à projets. La compagnie avait envie d’inviter des gens de leur propre génération et de la génération qui suit et cherchait un mode pour le faire.

« Lorsque nous avons rencontré les enfants, on a eu des indices sur ce qui eux les intéressait et ils nous ont un peu surpris. En les rencontrant et en voyant le potentiel qu’ils avaient, très rapidement on s’est dit avec le metteur en scène que l’on pouvait aller plus loin dans cette démarche de travail exigeant avec des exercices d’acteurs qu’on avait appris lors de nos différents voyages. Mobiliser ces compétences chez les enfants et les développer, ça donne au plateau quelque chose d’assez incroyable. » 

La compagnie IPAC a pour ambition de monter une sorte d’école alternative auprès d’enfants intéressés. Une école qui ne formerait pas au métier de comédien.ne mais qui développerait des compétences utiles pour leur vie future (en prise de parole, en positionnement, …).

C’est une vraie volonté de la compagnie et de l’ensemble de ses collaborateurs de poursuivre la création dans des lieux qui ne sont pas des théâtres, à partir de ce qui existe déjà et de poursuivre le travail avec les enfants.

On n’a pas une ambition d’éducation artistique et culturelle, mais on est plutôt dans une recherche artistique de ce potentiel de l’enfant et de ce qu’il peut amener sur un plateau. Puis comment nous pouvons nous aussi les accompagner à développer des compétences que l’on découvre souvent trop tard ou pas du tout. Ils nous ont beaucoup surpris et on a énormément appris à leurs côtés. L’échange s’est fait dans les deux sens. 

 

L’actualité de la compagnie

Leur nouveau spectacle, « Déluge », prévue pour 2022 est coproduite par le CDN de Nancy.

Pour la prochaine création, la compagnie IPAC aimerait faire une saison 2 « Après le déluge » dans les Vosges, mais n’est pas encore sûre de sa forme. Elle a une réelle envie artistique de continuer avec de vrais publics qui ne sont pas convaincus d’office, de poursuivre un travail avec les enfants, de faire avec un besoin aperçu sur le terrain. « On est en train de déposer des dossiers pour poursuivre cette création. Nous n’avons pas de modèle préconçu. Nous n’avons pas envie de suivre un chemin conventionnel. On a de la chance d’avoir des soutiens qui partagent nos valeurs. »

En parallèle de ce nouveau spectacle, IPAC, centre de formation reconnu par l’Etat, propose « VoiceLab », une formation professionnelle d’initiation au chant polyphonique géorgien à destination d’artistes professionnels ou en voie de professionnalisation du spectacle vivant. La formation se tiendra en 2022 à Paris et la compagnie souhaiterait l’implanter également sur le territoire vosgien.

Jusqu’ici l’équipe habitait à Paris, mais se rapproche petit à petit pour s’installer dans les Vosges. La compagnie a pour ambition de faire venir les artistes étrangers sur le territoire plutôt que de repartir en expédition dans le monde comme ces 5 dernières années. IPAC souhaite ouvrir des portes aux enfants et leur donner un espace pour se questionner sur des sujets universels comme l’interculturalité et l’étranger.

Pour des enfants qui ont des parcours différents, même intimement, cela a permis à certains de comprendre qu’ils ont une place. 

 

Pour plus d’informations sur la compagnie IPAC :
Site web : : http://www.ipac-cie.com
Facebook : @interculturalperformingartscie

Crédits photos : ©Vladimir Lutz