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Hélène Tisserand, comédienne et metteure en scène et Pierre-Marie Paturel, comédien et magicien, Compagnie Le Plateau Ivre

 

Une saison pas comme les autres les amène à créer La Zone…

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Au départ, comme 1ère piste pour répondre aux mesures imposées par la crise sanitaire, la compagnie Le Plateau Ivre a pensé réunir des groupes de 10 personnes, 2 fois par jour, avec les acteurs au centre et le public qui déambule autour.

Puis la question du théâtre fermé s’est posé. Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Qu’est-ce qu’il y a de si grave, au-delà du virus, qu’un théâtre fermé ? Que se passerait-il ?

Et de là est né quelque chose de suspect. L’envie de créer la rumeur autour de ces questionnements.

L’image des médias est arrivée vite lors de la création pour montrer comment les médias s’emparent du scoop.

La Zone a été inspiré des textes de Matei Visniec qui raconte l’homme dans le cercle et comment au fur et à mesure dans la ville, on voit fleurir tout un tas de cercles de craie avec des gens à l’intérieur, pour se protéger.

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Extrait de « Théâtre décomposé ou l’homme-poubelle » de Matei Visniec
« Si je veux être seul, je m’arrête, je sors la craie noire dans ma poche et je trace un cercle autour de moi. Dans mon cercle, je suis à l’abri. Personne n’a ni le droit ni le pouvoir de m’adresser la parole si je me trouve dans mon cercle. Personne n’a ni le droit ni le pouvoir d’y entrer, de me toucher ou même de me regarder trop longuement.

Quand je suis dans mon cercle, je n’entends plus les bruits de la rue, les vagues de la mer ou les cris des oiseaux. Je peux y rester, sans bouger, aussi longtemps que je veux. Rien de ce qui se passe autour de moi ne m’intéresse plus. Le cercle m’isole du monde extérieur et de moi-même. C’est la félicité totale, c’est la paix.

A l’intérieur du cercle on ne sent plus ni le froid ni la faim ni la douleur. Le temps s’arrête, lui aussi. On plonge dans l’abstraction comme dans un rêve protecteur. On devient le centre du cercle. »

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C’est un rapport fort au confinement avec l’idée de rester chez vous en toute sécurité. Ce petit texte de Visniec résonne beaucoup avec la situation.

Pour « La Zone », nous avons choisi des monologues de personnages qui sont enfermés dans leurs situations. Nous les avons fait vivre ça bien, de manière positive, même si la situation ne l’est pas. C’est un monde différent, mais un fonctionnement normal.

Et puis ça vient nous questionner sur nos libertés. Il y a un aspect mythique qu’on a voulu mettre en scène.

Un autre texte de Visniec nous a également : Le Lavage de Cerveau. Cette idée d’aller au centre du lavage de cerveau une fois par an pour renaître. Le parcours de ce spectacle était d’ailleurs imaginé au départ comme une boucle où les gens pouvaient déambuler, y rentrer puis ressortir. Mais en terme de mise en scène, avec les 6 acteurs, cela était trop compliqué.

Finalement c’est un parcours en pleine montagne avec le personnage de Mélanie Bauer dans son rôle d’investigatrice qui guide le public et fait le lien entre tout cela.

Elle est dans notre monde réel, mais un peu frappée, puis entre deux et pour finir par entrer dans ce monde autre.

Elle nous rassure au début et nous donne l’envie de glisser vers un monde différent, plus frais. C’est un travail sur la perte de repères. Le public se retrouve au Théâtre de verdure, mais ne sont pas dans l’endroit habituel. C’est un vrai voyage initiatique.

 

 

« LA ZONE » EN IMAGES…

 

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Le Plateau Ivre aujourd’hui et demain…

 

Nous avons pu lancer la saison 2020 du Théâtre de Verdure. Cela nous a demandé beaucoup de travail dans un délai très court, avec une commande d’écriture auprès de Sébastien Houbre pour la balade contée, une commande de photographie auprès d’Emmanuel Pierrot et une commande de série vidéo auprès de Tristan Bordmann. Ce sont des petites capsules à droite et à gauche pour que l’énergie du lieu ici à Vagney transpire à l’extérieur sur le territoire des Vosges.

Nous avons donc accroché une dizaine de portraits photo dans 8 communes des Vosges. La balade contée qui fait le lien avec ces photos, mais aussi avec ce qui peut se passer dans cette Zone.

Nous avons pris le pari de proposer quelque chose tous les jours. Nous nous sommes dit que si nous avions les autorisations de faire cela maintenant, il fallait le faire maintenant.

En septembre nous reprenons notre résidence de recherche sur l’agglomération de Saint-Dié-des-Vosges, et ce jusqu’en 2021. Nous mettrons en place des ateliers en lien avec la ville et le territoire.

Puis il y a aussi nos prochaines créations : le cabinet de curiosités et la boîte mobile.
Le cabinet de curiosités verra le jour en 2021, la boîte mobile de curiosités en 2023.

L’idée au départ était de mettre toute l’énergie qu’on met dans le Théâtre de Verdure et la mettre dans une petite boîte qui peut être nomade et arrivée dans les villes. Encore une fois cette idée de perte de repères et de voyages initiatiques. Il se passe des choses dehors, il se passe des choses dedans.

A côté de cela, nous aimerions que « la Zone » puisse trouver sa place dans le théâtre de demain. Etant en extérieur, cela peut facilement se décliner sur tout le territoire. La balade contée peut aussi se rajouter au projet. Et ce personnage de magicien dans « La Zone » qui peut aussi nous ramener au cabinet de curiosités. Tout peut très bien s’imbriquer.

Nous sommes toujours en convention avec la DRAC, le Conseil départemental des Vosges, la Communauté des communes et la commune de Vagney sur le territoire des Hautes Vosges avec toutes les manifestations que nous menons :

  • Le Théâtre de Verdure l’été
  • L’Equinoxe au printemps et à l’automne avec un travail avec les amteurs
  • Le Théâtre au coin du Feu en hiver avec des petits spectacles chez les particuliers, associations et entreprises
  • Le Festival Mai en Scène à Gerardmer
  • L’école du spectateur qui est tout un dispositif que nous proposons aussi pour amener les scolaires ici.

Nous sommes aussi en train de préparer l’après et d’aller vers une structuration de la compagnie. Le climat n’est pas au beau fixe pour la culture, mais il faut plus que jamais qu’on s’entoure. L’année dernière on avait pu être à Avignon et démarrer la saison au Théâtre de Verdure en même temps. Ce n’est pas possible d’être les pilotes sur tous les fronts, alors c’est très important d’avoir une vraie équipe.

 

 

 

 

Le confinement en tant que compagnie de théâtre …

 

Nous avons vécu le confinement un peu comme un trou noir.
On a eu la chance d’être en contact avec nos partenaires pendant toute la durée du confinement afin de leur expliquer nos décisions prises quant à la saison estivale et comment on allait rebondir.

Pour la culture, les répercussions vont être assez longues car tout est reporté sur un an. Nous savons dores et déjà que ceux qui n’ont pas pu faire de représentation cette année vont prendre la place l’année prochaine. Cela ne laisse pas beaucoup de place à la nouveauté et la création.

Le confinement a eu du positif aussi. Cela nous a conforté dans notre choix de ne pas être qu’artiste créateur de spectacles. Je pense que c’est important de multiplier sa façon de travailler et sa façon d’être visible. Nous savons le faire, nous y arrivons encore et nous ne sommes pas encore complètement épuisés pour ça. Le danger c’est d’arriver dans une grande braderie du spectacles parce qu’il faut cachetonner.

Nous étions aussi ravis que toute l’équipe suivait la proposition de cette saison.

C’était difficile d’être sur la création pendant le confinement parce que les choses avaient un peu perdu de sens, sur les projets initiaux. « Pourquoi je monte cela ? », « qu’est-ce que je dis par rapport à ça ? », « est-ce que j’ai encore envie de ça ? »… une réelle remise en question.

Nous avions au départ imaginé proposer notre création « Burn Out » au Théâtre de Verdure avec une vraie recréation du spectacle. En parlant avec la metteure en scène Marie Denys, nous avions conclu que la thématique ne semblait pas coller avec les circonstances, avec l’actualité. Nous n’avions plus le même besoin et ne trouvions plus le sens. Ce confinement aura reflété une quête de sens.

 

 

La place du numérique dans la culture…

 

Pour notre festival Mai en scène pour la ville de Gérardmer, annulé en raison de la crise sanitaire, nous avons réussi à assurer quelque chose par le biais de capsules vidéo que nous avons pu créer agvec notre group d’amateurs participant à l’atelier.

Pour « La Zone », nous avons également créer une série vidéo, réalisée par Tristan Bordmann.

Voici un extrait :

 

Des GIFs et des outils en ligne ont été créés également pour ceux qui ne sont pas en mesure de se déplacer.

Le numérique est quelque chose qui nous plait beaucoup et sur lequel nous travaillons régulièrement. Cela nous permet d’aller chercher d’autres choses, d’autres regards. Nous avons de la chance de travailler avec des personnes qui viennent apporter un autre regard à la mise en scène, au sens large.

 

 

Profitez du Théâtre de Verdure jusqu’au 3 août !

Il reste encore quelques dates à ne pas rater.

 

Le programme complet

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