Rencontre avec Mathieu Brassier, Directeur artistique de la Compagnie de la Cinquième Sirène.

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Vous êtes originaire de Marseille. Pourquoi avoir voulu vous installer dans les Vosges, à Saint-Dié-des-Vosges plus précisément, pour y créer votre compagnie théâtrale ? Pour vous c’est un territoire propice à la création artistique ?

 

La compagnie de la Cinquième Sirène a été créée en février 2019. C’est tout frais. J’avais des amis dans les Vosges, sur Epinal, qui m’ont fait découvrir le département. Je suis tombé sous le charme des paysages.

J’y ai d’ailleurs terminé l’écriture de ma pièce… pour moi c’était un signe. Je me suis dit « tentons l’aventure vosgienne ».

Et puis, c’est un territoire beaucoup moins saturé que Paris ou Marseille. Il y a moins de concurrence et plus de choses à faire pour une compagnie émergente comme la nôtre.

 

 

 

Quels sont les objectifs de la compagnie de la Cinquième Sirène ? La mission que vous vous êtes donnée ?

 

La mission principale est de mettre en lumière nos créations, puis de les décliner sous forme d’ateliers d’écriture et de théâtre. Nous souhaitons réellement travailler avec un public du champ social, du milieu rural ainsi que du milieu carcéral.

On travaille actuellement dans ce sens, sur des projets pédagogiques.

C’est important à ce stade de mieux connaître le territoire afin de nous permettre d’être le plus juste dans nos actions proposées.

 

 

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de choisir ce métier artistique ? Racontez-nous un peu votre parcours.

 

J’ai commencé dans le cinéma. J’ai étudié à l’université de Paris 8 à Saint Denis. J’y ai réalisé 2 court-métrages.

Puis j’étais Chargé de mission au sein de La Fémis, l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son à Paris.

J’ai également travaillé en tant que régisseur au café-théâtre « Le Lieu » à Paris. C’était une très bonne école pour apprendre le métier du théâtre. J’y ai monté sur scène, j’ai présenté des pièces, j’ai fait des 1ères parties. On est sur le terrain… on apprend à ne pas avoir peur du ridicule… on est obligé, le public est là face à nous, à 50cm à peine.

J’ai navigué entre le cinéma et le théâtre puis j’ai créé ma société de diffusion et de développement du théâtre à Marseille (Brassier Diffusion & Développement).

Mais finalement mon souhait était de créer un projet plus artistique et personnel. J’avais envie de changer. J’ai alors créé la Cie Cinquième Sirène.

 

La création d’une compagnie théâtrale peut s’avérer être une étape compliquée. Avez-vous des conseils à partager avec la communauté Culture C Nous et aux acteurs culturels qui envisagent la même démarche ?

 

Le plus pénible c’est la partie administrative. Il faut être très vigilant. Mais étant donné que j’avais mon vécu au café-théâtre « Le Lieu » puis j’avais créé ma société de diffusion, j’avais déjà une certaine expérience pour ça.

Pour ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec cette partie admin, je leur conseille de prendre un coach ou un administrateur si possible.

Cette étape est valable pour toute personne qui entreprend finalement.

 

 

Vous avez créé votre 1ère pièce « J’aime Pas les Chats ». Ça parle de quoi ?

 

C’est une comédie dramatique qui parle de 2 frères et 1 sœur, suite à l’enterrement de leur mère, qui doivent décider ce qu’ils vont faire de son chat. C’est le point de départ de la pièce.

On s’aperçoit que dans cette fratrie, quelque chose n’est pas clair. Des alliances pour certains, du désordre chez d’autres. On découvre que des relations conflictuelles se cachent derrière beaucoup d’amour et que dans la tendresse apparente se cache une certaine rivalité.

Le chat représente l’héritage immatériel de nos parents (l’éducation, la morale, les valeurs, …) et puis la question qu’on se pose … « qu’est-ce qu’on en fait de tout ça après ? ».

La pièce dure environ 1h10. 1 acte. 1 tranche de vie. 1 dosage comédie + drame.

On rentre dans l’histoire de cette fratrie et on en sort. Il n’y a pas de morale ou de leçon de vie … c’est tout simplement une histoire à raconter.

 

 

 

Pourquoi souhaitiez-vous partager ce sujet sérieux et délicat sous forme de comédie ?

 

Je pense qu’il faut en rire de la mort. Cette histoire, ce n’est pas quelque chose qui m’a touché personnellement, mes parents sont encore là. Mais j’ai été touché par le deuil d’une manière ou d’une autre. Dans ces situations-là, on peut perdre les pédales… et c’est ça qui fait rire. C’est un réel matériel pour faire rire. J’ai vraiment voulu qu’il y ait des moments de rires mélangés à des moments émouvants.

Ce que j’aime dans le théâtre et le cinéma c’est qu’on est proche du public.

Il y a des vannes dont on était persuadé fonctionnerait, mais finalement ça tombe comme un soufflet.

Puis d’autres moments que vous n’aviez pas prévu et où vous entendez d’un coup le public rire. La réaction du public est souvent inattendu. C’est surprenant et galvanisant.

 

Vous avez présenté « J’aime pas les Chats » au Festival Off d’Avignon cet été. Quel est votre retour d’expérience ? Quel a été votre plus gros challenge ?

 

Le plus gros challenge a été de faire venir le public. Finalement, la salle était comble… il manquait même de la place !

C’est important d’avoir en face de nous le grand public et des professionnels. Quand on a nos amis et la famille pour les 1ères lectures publiques, personne ose vous froisser… on ne vous dit pas si c’était bon ou mauvais.

Nous avons reçu de supers retours du public.
Nous avions oublié de demander au public à la fin de mettre des commentaires sur le site de réservation BilletReduc. Finalement, certaines personnes l’ont fait spontanément et ont donné de très bons avis.

Notre objectif était rempli…plus que rempli.

 

Quelle est la suite pour « J’aime Pas les Chats » ?

 

Nous aimerions rentrer en résidence de création sur Saint-Dié-des-Vosges ou ailleurs afin que la pièce puisse se monter.

Nous voulons fixer des dates en sessions ou avec des Mairies pour représenter la pièce dans les salles sur le territoire.

 

En tant que nouvelle compagnie, les partenariats et les collaborations peuvent vous aider à vous développer. Culture C Nous est une plateforme qui permet cette mise en réseau. Quels sont vos besoins aujourd’hui ?

 

Nous avons été très heureux de voir que des représentants des Vosges, notamment Mathieu Pierrard, le nouveau Directeur du spectacle vivant à la ville de Saint-Dié-des-Vosges, ont fait le déplacement pour nous voir sur scène à Avignon.

En tant que jeune compagnie, les partenariats et les collaborations sont d’une grande importance pour nous développer sur le territoire.

 

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la Cie de la Cinquième Sirène pour la saison culturelle à venir ?

 

Notre pièce « Chantecler Solo », écrite par mon acolyte Axel Senequier, est une forme très simple adaptable partout, avec 1 seul acteur sur scène. Nous aimerions pouvoir la diffuser en milieu scolaire (collège). Nous avons déjà une offre pédagogique existante.

 

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Pour « J’aime Pas les Chats », nous aimerions trouver des aides de financement ainsi que des dates pour des représentations.

Ce que vous pouvez nous souhaiter :

  • que nos 2 projets tournent
  • que la pièce « J’aime pas les Chats » puisse se faire dans les Vosges
  • que nous puissions vous proposer une toute nouvelle création pour l’année prochaine (une idée qui a pris forme ici dans les Vosges me trotte dans la tête et c’est un projet sur lequel je travaille déjà. Et Axel Senequier a déjà certainement des idées plein la tête.)

 

Et pour finir… par curiosité, vous avez un chat ? 

Oui ! Un chat. César.

 

Pour plus d’informations sur la Compagnie de la Cinquième Sirène :

Site web : https://cie5sirene.wixsite.com/sirene5