Rencontre avec Jérôme Millotte, Président de l’association Sapins Barbus

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Jérôme Millotte et les bénévoles du festival 2019

 

D’où vous est venu l’idée des Sapins Barbus et l’envie de créer un tel événement ? 

 

Le festival des Sapins Barbus est né fin 2013 – début 2014 par une bande de copains. Nous trouvions qu’il manquait dans les Vosges un festival de rock accessible à tous. Le projet a été vite accepté par notre commune et l’aventure a démarré.

Pour le nom, nous avions fait un brainstorming tous ensemble. Notre seul critère : les initiales S et B. Cela représentant notre lieu de fête entre copains. Un de nos bénévoles a proposé Sapins Barbus. « Sapins » pour représenter le territoire des Vosges et « barbus » pour amener le côté rock. On a tous validé.

 

 

C’est la 6ème édition cette année. Le festival des Sapins Barbus n’a cessé de grandir depuis sa création. Les fans de rock continuent à répondre présent… comment expliquez-vous ce succès ?

 

Je pense que les festivaliers adhèrent car on leur propose un dépaysement total. Ils arrivent dans un univers atypique. À travers notre festival ils découvrent le rock sur scène et le local à travers tout le reste.

Dans le public il y a aussi des familles présentes pour l’ambiance et pas toujours pour la musique. On offre un climat et une ambiance unique. « Plus qu’un festival, une expérience » est notre accroche.

Après, le succès on l’explique difficilement. Ça nous tombe un peu dessus. On voit que ce qui plait et on cultive ça.

Mais c’est un succès qu’on souhaite maîtriser. L’édition 2019 c’était 4000-5000 festivaliers. Nous n’avons pas l’envie (ni les moyens) que ça grandisse. Nous souhaitons avant tout que ça garde cet esprit familial et convivial tel qu’aujourd’hui.

 

 

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Le rock dans les Vosges, il est bel et bien présent ?

 

Oui. Déjà, la musique métal est la plus écoutée en France (ex : données Spotify). Et le rock métal est très présent dans les campagnes.

 

 

Et comment décrieriez-vous justement ce rock présent lors de votre festival ? Plutôt metal, punk, …. Ou vous préférez ne pas lui donner d’étiquette précise ?

 

On ne souhaite pas se limiter au metal, à un genre musical. On veut aller plus loin. On ne fait pas que du metal et du punk. On veut offrir une expérience complète : NeoMetal, blues rock, etc. …

On tient à ne pas en faire un festival de musique extrême. On veut que ce soit accessible à tous. On souhaite que notre festival retrace toute l’histoire de la musique rock.

Cette année nous avions quelques groupes de musique metal, mais pas que ça. On nous réclame beaucoup de metal, mais on tient à présenter une musique à la portée de tout le monde et à garder une ouverture.

 

 

C’est quoi l’argument qui marche le plus quand vous tentez de faire venir une tête d’affiche de la scène internationale à Dommartin-lès-Remiremont ?

 

La dimension festivalière en premier lieu.

Et puis ce concept du 100% DIY (do-it-yourself) et local. Que ce soit des têtes d’affiches ou des entreprises à qui on fait appel, il nous suffit de montrer des photos de nos créations et fabrications atypiques en bois (scène, déco, …) pour les attirer. Les groupes de musique sont très attentifs à ça. Ils aiment jouer dans un cadre insolite comme le nôtre.

Les groupes sont traités comme les festivaliers (restauration locale, …) et ils sont hyper ravis. Etonnement ça ne se fait pas beaucoup dans d’autres festivals. Ils ont l’impression d’être chouchoutés.  On les nourrit comme nos grands-mères nous nourrissaient.

Et pour finir, ils ont le sentiment de faire partie d’une réelle communauté. Ils apprécient vraiment cela. Pour donner un exemple, le groupe de renommée « Tagada Jones » a permis à tous les organisateurs et quelques bénévoles de monter sur scène. C’était un réel partage avec les artistes.

 

 

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Groupe Tagada Jones

 

 

Vous avez vraiment la volonté de mettre en avant le local lors du festival (le Sapin Burger 100% picosé, le décor DIY en bois vosgien, la participation de groupes locaux tels que Bottomz Up et Oliphant, …). Pourquoi ?

 

On ne fait pas cet événement pour gagner de l’argent… on veut plutôt enrichir notre patrimoine. Le local est important à nos yeux car on aime notre région. L’idée était au départ de faire un festival rock avec très peu de moyen et de mettre en avant le plus possible le local.

Quand on va sur un autre festival ailleurs en France, on aime découvrir la région.

Les gens posent souvent des congés pour aller à un festival plusieurs jours, alors autant qu’ils découvrent la région à travers notre évènement et nos produits…

On met en lumière les producteurs locaux. Il y a un retour en France de l’artisanat et du local. Tout est local dans la grosse fabrication (ex : le bois de Dommartin-lès-Remiremont et environ pour la fabrication des stands et des scènes). Et tout ce qui est vendu sur place est fabriqué par des entreprises locales (le totebag et autres produits de merchandising, la bière artisanale, le Sapin Burger, le fromage, …).

 

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Groupe vosgien OLIPHANT

 

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Les Sapins Cookies

 

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Les Sapins Burgers

 

 

Une 100aine de bénévoles… travailler aux côtés des Sapins Barbus c’est si génial que ça ? Et comment trouvez-vous vos bénévoles ?

 

On ne cherche pas les bénévoles… on ne les cherche plus. On est 130 le soir même et 30 dans l’année. Je n’ai pas manqué d’un seul bénévole pour cette édition. Ils viennent parce qu’il y a un esprit de communauté.

On commence nos fabrications dès le mois de février et jusqu’au mois d’août… à partir de début août c’est 3 semaines non-stop de fabrication. Les bénévoles trouvent cela enrichissant de voir des groupes jouer sur une scène qu’ils ont eux-mêmes fabriqué, de voir leur projet aboutir. Et c’est important pour nous de mettre en avant le travail acharné des bénévoles… à travers le décor, la restauration et l’ambiance.

C’est parce qu’on n’y connaissait rien qu’on ne savait pas que c’était impossible. On a appris sur place, sur le tas. Aujourd’hui notre association est très structurée. On arrive à faire beaucoup de choses avec nos bénévoles.

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3 scènes, 15 concerts, 1 camping… sur 2 jours de festival. Ça dort quand pour les organisateurs du festival ?

 

Ça va, ça dort. Lors du festival on travaille de 10h à 3h du matin…on arrive à faire des nuits plutôt bonnes. Le plus dur c’est le après festival, pour le bilan financier et moral. La fin du festival c’est concrètement au mois d’octobre. Puis on recommence à travailler en novembre pour l’édition suivante et parfois même l’organisation des 2 éditions se chevauchent.

Mais la gratitude et la réussite est reposante. Je me repose en créant. Je ne me repose pas en attendant que quelque chose se fasse.

 

 

 

Selon vous, c’est quoi la bonne recette pour qu’une association culturelle comme la vôtre perdure ?

 

Pour moi, il faut que ce soit créé par de vrais copains. Pour notre association Saltimbanque, c’est la même bande de copains depuis le début. Il faut un noyau assez nombreux (2 personnes ne suffisent pas au démarrage). Nous on était 15 au départ. Puis d’autres viennent et se greffent puis repartent parfois, mais le noyau reste le même.

Aujourd’hui nous avons aussi beaucoup de professionnels qui deviennent bénévoles (ex : des électriciens). Nos bénévoles et leur professionnalisme sont aussi une raison pour cette pérennité.

Dans les festivals, c’est une horreur d’attendre une bière. Nos bénévoles (ex : restaurant « Le Dahu » à Remiremont) ont permis que la bière soit servie en moins d’une minute. Et puis avec l’expérience, les bénévoles gèrent très bien leurs équipes. Il y a 3 buvettes, 24 bénévoles sur la buvette.

Je pense aussi que le festival ne doit pas être crée par des financiers qui attendent quelque chose en retour. Ce sont des festivaliers qui créent un festival.

 

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Vous avez créé une réelle identité avec votre nom Sapins Barbus, votre site internet, vos visuels… C’est Sapins Barbus alors qui a lancé la mode des barbes dans les Vosges ? 😉 

 

La mode hipster a lancé la tendance barbe donc nous il a fallu rajouter des choses. Et oui, pas de hipster dans les Vosges… Le côté rock et métal a une identité propre… veste avec patchs, tatouages, etc… Nous on a souhaité aller plus loin dans cette identité.

Finalement, la différence entre un bon rocker et un mauvais…. C’est que le bon est allé au festival des Sapins Barbus !

 

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Pour plus d’informations sur le festival les Sapins Barbus 

Site web : www.sapinsbarbus.com
Page Facbook : @SapinsBarbus

 

Crédits photos : ©MaëlJoanas et ©SimonWendel