Rencontre avec Kévin Briot, directeur artistique, danseur-interprète et intervenant pédagogique pour la Cie Témpor’Air
Kévin Briot de la compagnie Tempor’Air / crédits photo : CD88/ME
La danse version Tempor’Air
Leur danse, c’est le top rock, la danse debout du break dance que l’on reconnait avec les jeux de jambes, les attitudes et la tenue de corps du b-boy (breaker). Cette discipline dans la discipline, Tempor’Air l’a choisi pour mettre en lumière l’aspect dansé du break dance. Le top rock est une danse caractérielle avec du mime et des jeux de rôles et qui, bien que dotée d’une technique bien spécifique, laisse place à une réelle improvisation et spontanéité.
Le parcours des danseurs-chorégraphes
Ce sont les voyages et les rencontres qui ont forgés Kévin Briot et Ala’Edinne Abdemouche de la compagnie Tempor’Air. En passant par la case des stages, aux côtés de pionniers de la danse hip hop partout en France et à l’étranger, ils ont pu se former. Ces stages ont été un réel héritage de l’univers du hip hop. En prenant conscience qu’il fallait se professionnaliser, parallèlement, ils se sont formé à l’enseignement artistique de la danse.
Puis il y les battles… la meilleure école.
Face à soi-même, les battles sont une réelle mise à nu servant à se dépasser. Kévin et Ala’Edinne ont évolué dans leur discipline grâce à ces confrontations qui les ont nourris et stimulés tout au long de leur parcours.
Les battles sont aussi une belle leçon de vie pour faire face à l’échec de manière positive. « Les 1ères barrières que l’on se met sont les nôtres », dit Kévin, « pendant 5 ans on a tout donné en battles sans rien gagner. Puis, on passe les pré-sélections, on arrive en quart de finale, en demi-finale…. et à force de persévérance, un jour on se retrouve en finale ». Une leçon importante qu’ils essaient de transmettre aujourd’hui à la jeunesse vosgienne.
Les 2 artistes ont touché à tous les styles de danse pour trouver leur signature bien à eux. Ils ont fait du popping, du locking, du hip hop, du break et se sont même instruits sur la danse contemporaine et classique. « Aujourd’hui on arrive à tout mettre ensemble pour en faire notre propre soupe. »
La pièce chorégraphique « Des Hauts et débat »
Cette pièce est la suite logique de leur parcours. Il y a 3 ans, elle prenait la forme d’une petite pièce de 20 minutes qu’ils ont pu tester auprès d’un public jeunesse au sein d’un collectif à Verdun dans le cadre de stages.
Dans les Grand Est, ils ont été repérés par Didier Patard, directeur de l’association Transversales, puis accompagnés également par Jacky Castang de Scènes Vosges, afin d’aller plus loin avec leur création qui aujourd’hui a pris la forme d’un spectacle professionnel de 50 minutes.
« Des Hauts et débat » est l’histoire de leurs voyages, de leur émancipation et de tous les hauts et bas qu’ils ont pu rencontrer sur leur parcours. C’est une mise en lumière de bouts de vie sur 10 ans.
J’ai dansé pendant 5 ans dans ma chambre. Je souhaite apporter aux jeunes ce que je n’ai pas pu avoir .
Avec ce spectacle, ils souhaitent donner accès à la culture et danse hip hop auprès d’un jeune public rural. La compagnie Tempor’Air souhaite faire passer un message simple : on peut réaliser ses rêves, même lorsqu’on habite un petit village vosgien, loin des grandes métropoles où le hip hop s’est considérablement investi.
Quand la musique et la danse se mêlent…
Tempor’Air est accompagné sur scène par le musicien Yvain Von Stebut.
Rencontré il y a quelques années dans le cadre d’un projet d’ateliers, Yvain avait créé des captations sonores pour accompagner une chorégraphie proposée aux jeunes vosgiens.
Sollicité à nouveau pour faire une bande son de leur spectacle « Des hauts et débats » lors du confinement, ils ont fait le choix d’une musique en live sur scène afin de rendre la pièce plus interactive et vivante.
C’est une vraie connexion sur scène entre la danse et la musique. La magie opère .
Le hip hop et break dance dans les Vosges, ça donne quoi ?
« C’est compliqué », affirme Kévin.
Il y a une quinzaine d’années, il existait une fédération hip hop dans les Vosges avec des acteurs provenant de Nancy. Aujourd’hui, il y a tout à refaire pour dynamiser la culture hip hop dans les Vosges et que cela se démocratise en milieu rural.
Leur volonté a été de créer une compagnie professionnelle vosgienne afin de se donner du poids et de la crédibilité à cette discipline et les actions portées sur le territoire.
Un lien fort avec la jeunesse
La transmission auprès de la jeunesse est un axe phare de la compagnie.
Pour ce faire, la compagnie propose 2 volets :
EAC (éducation artistique culturelle) au sein d’établissements scolaires afin de monter des projets, sensibiliser les jeunes et leur donner un accès à la culture du hip hop
Enseignement de la discipline par le biais de cours de danse au sein des MJC et centres socioculturels du territoire
L’actualité Tempor’Air
Le spectacle « Des Hauts et débat »
le 15 juin 2021 au théâtre de La Rotonde à Thaon-les-Vosges
24 septembre 2021 au Festival « Là haut sur la colline » à Epinal
23 juillet 2021 au Festival Pluralies à Luxeuil-les-Bains
Maison d’arrêt à Epinal
Annonce
Une petite forme de 25 minutes du spectacle exporté hors murs (sans musicien) est proposée en extérieur, dans les écoles ou différents lieux accueillant la culture sur le territoire. Contactez la compagnie Tempor’Air pour plus d’informations !
Pour plus d’informations sur la compagnie Tempor’Air
13 standards indémodables, enregistrés à l’ancienne, en une ou deux prises et à la maison. C’est le nouveau projet de jazz du pianiste vosgien Stephane ESCOMS. Il a invité à le rejoindre Michel DEVARD à la guitare, et Bernhard EBSTER à la contrebasse. Jeremy BOROWSKI a enregistré et mixé l’album.Stephane et Michel accompagnent le chanteur pour enfants déodatien Jean-Michel REY depuis de nombreuses années et partagent l’amour du jazz. Benhard, autrichien d’origine, rencontré au Conservatoire de Metz à la fin des années 2000, vient de s’installer à Senones, l’occasion était trop belle et l’idée de rendre hommage à cette musique venue des comédies musicales américaines du début du 20ème siècle s’est très vite imposée, dans un format, le trio Piano Contrebasse Batterie, qui a un peu disparu du jazz actuel. Sweet Lorraine, le nom de ce premier opus, est une chanson de 1928, rendue célèbre entre autres par Nat King Cole.
C’est aussi l’occasion de célébrer la région, avec une pochette imaginée par Philippe SPONNE à partir d’une photo des Frères REMUSAT.
C’est le début d’une belle série d’enregistrements, le volume 2 est déjà en préparation, avec la même équipe, et pour le volume 3 une invitée sera de la partie. Le répertoire est infini, et la période vide de concerts permet de passer plus de temps en studio.
A noter que pour la sortie (et pour les gourmands!) la Pâtisserie LAURENT de SAINT DIE DES VOSGES a créé un gâteau “Sweet Lorraine” pour le week-end de Pâques, on pourra y trouver l’album.
Sortie en physique et sur toutes les plateformes le 2 avril 2021.
La résidence départementale est une résidence de création d’œuvre(s) qui se nourrit des partenariats étroits avec l’ensemble des structures culturelles du territoire (associations, écoles d’enseignements artistiques spécialisées…).
Elle contribue par la rencontre entre le collectif d’artistes selectionné et les amateurs à favoriser l’appropriation du projet pour chacun des partenaires que ce soit de manière humaine, financière et pédagogique et à développer l’esprit de réseau des acteurs du schéma départemental des enseignements artistiques. Elle vise également à favoriser l’accès à la culture, en veillant à inclure des actions d’éducation artistique et culturelle.
Ce temps de résidence permet au collectif d’effectuer ses recherches et de créer tout en assurant une présence active sur le département.
Enjeux et objectifs
Les différents objectifs du projet de résidence de création sont :
Permettre d’appréhender le processus de création pour les amateurs
Contribuer au développement culturel et artistique en s’inscrivant dans une dynamique locale et participative
Réduire les inégalités en matière d’accès à la culture
Proposer une vision, une interaction au monde grâce au propos artistique.
Pilotage de la résidence de création
Dans le cadre de la résidence, La Souris Verte, son équipe et son équipement, est désignée pilote. Cette SMAC a pour mission :
D’accompagner le collectif pour mener le projet sur l’ensemble du territoire vosgien,
D’organiser la présence du collectif sur le territoire durant les trois années, en lien avec les acteurs des territoires concernés qui en assureront l’accueil,
D’accueillir les artistes du collectif en résidence dans ses locaux,
D’accompagner le collectif à élaborer des dossiers de financement (si besoin et si opportun)
Le Conseil départemental des Vosges, partenaire de la mise en place du projet à l’échelle du département :
Participe à la construction générale du projet (soutien en ingénierie de projet)
Fait le lien entre les artistes et les structures amateurs ou d’enseignements artistiques (équipe enseignante, apprenants, passionnés …)
Emmanuelle Afanassieff – Conseil départemental des Vosges et Emmanuel Paysant – La Souris Verte
Un comité de suivi, composé du Conseil départemental, de La Souris Verte et des structures d’accueil et d’organisation des projets sur les territoires se réunira à minima 2 fois chaque année avec les artistes, pour permettre leur organisation.
Présentation d’Antiquarks
Mardi 16 février 2021, une présentation d’Antiquarks, collectif selectionné, a eu lieu à la Souris Verte à Epinal auprès des acteurs culturels du territoire des Vosges.
Les objectifs de transmission et de lien, l’approche pluridisciplinaire et l’inscription dans les musiques actuelles demandés pour cette résidence, sont autant de passerelles évidentes avec le projet de la compagnie musicale Antiquarks.
Régulièrement sollicités pour partager leur univers de compositeurs et leurs compétences de musiciens pédagogues, ils apportent une réponse artistique originale aux enjeux culturels, sociaux et politiques de chaque territoire.
Une approche particulière de la transmission développée par Richard Monségu et Sébastien Tron, directeurs artistiques de la Cie depuis 15 ans, qui fut notamment récompensée en 2014 dans le cadre de la cérémonie de remise du Prix De L’audace Artistique Et Culturelle à l’Elysée, en présence du Président de la République François Hollande et de Jamel Debbouze (Président du jury). Ce prix récompense des projets exemplaires en faveur de l’accès des jeunes aux arts et à la culture.
Artistes entrepreneurs indépendants, Richard Monségu et Sébastien Tron sont aussi acteurs de la vie musicale professionnelle du secteur des musiques actuelles avec 2 projets associés : un label discographique « Label du Coin » et un organisme de formation dédié au secteur culturel « Formassimo »
Antiquarks aime les corps et la danse, a toujours entretenu un rapport étroit avec des artistes africains et les cultures africaines, et a acquis une expérience solide sur la gestion de projets multi-partenariaux et à destination des habitants.
La Cie a donc initié en 2020 un cycle de création sur l’Afrique. Un cycle articulé autour de plusieurs projets :
la création « Afriquarks », réalisée ans le cadre du défilé de la 19e Biennale de la Danse de Lyon 2020-21, où Antiquarks est la 1ere compagnie musicale à porter la direction artistique d’un des projets.
Le nouveau spectacle avec le chanteur monument de la musique Sénégalaise Souleymane Faye.
Un travail sonore sur les textures et rythmes ouest africain qui ressortirons à l’écoute du nouvel album en 2021.
Ce cycle de création mêle musique, littérature, danse et arts visuels. Le projet de présence sur le territoire d’Epinal entreraient donc en résonnance avec ce cycle de création.
Allier pédagogie, création et interdisciplinarité
La compagnie musicale Antiquarks naît en 2004 de la rencontre de deux musiciens auteurs, compositeurs et interprètes : Sébastien Tron (vielle à roue électro acoustique, clavier et chant) et Richard Monségu (percussions batterie et chant).
Au fil de leurs albums et tournées ils explorent une musique “world progressive” à l’instrumentation atypique. Animés par un même souci de décloisonnement ils développent également des spectacles participatifs mêlant tous types de publics et diverses disciplines artistiques : danse, théâtre, slam, graphisme, arts plastiques…
La pédagogie et la transmission, éprouvées dans leurs expériences d’enseignants (université, conservatoires, écoles de
musique) tiennent une place importante dans leur vision de la création artistique. A chaque rencontre, les structures qui les sollicitent reconnaissent leur capacité à proposer des projets uniques adaptés aux enjeux artistiques et culturels locaux.
Écrire pour et avec le territoire
Antiquarks propose des créations musicales, métissées, vivantes, populaires et d’une grande exigence artistique.
Elle inscrit son expression dans le champ global d’une culture citoyenne et développe une poétique qui convie l’imaginaire de chacun, dans un cadre artistique assumé. Quelles que soient les formes que prennent
leurs spectacles, les membres de la compagnie s’attachent à prendre en compte la réalité physique, géographique, d’un territoire, mais aussi sa dimension culturelle, humaine, sociale.
Cette double approche artistique et de médiation est au coeur de la formation et l’identité des deux directeurs artistiques qui revendiquent une vision décloisonnée de la création, où transmission et création vont de paire.
Une esthétique métissée
Les spectacles crées sont des mises en scènes conçues sur mesure pour chaque territoire et ses publics où la musicalité est le fil rouge, l’espace de rencontre et de tension positive entre les différents participants.
Les temps d’ateliers et de répétitions sont des moments essentiels d’échanges et de création partagée. Parades carnavalesque, comédies musicales, bals chorégraphiés, orchestrations sportives, sont autant de formes que peuvent prendre ces spectacles qui convient des compétences variées (chorégraphie, graphisme, mise en scène, médiation…), réinterrogent les postures professionnelles de chacun et permettent de partager connaissances et savoir-faire.
Alors oui, ca remue, ça bouge, ça décoiffe, ça bouleverse, ce n’est pas du prêt à programmer, du prêt à penser mais ça génère du commun, de la joie, du mouvement et permet de rappeler que les paillettes et le groove de l’extraordinaire appartiennent également aux créations participatives!
Résider, approche artistique et méthodologique
Stimuler la création
Pour Antiquarks, l’écriture au prisme du territoire, représente une expérience artistique particulièrement motivante. Venant des musiques du monde et des musiques amplifiées, les artistes de la compagnie s’inspirent des musiques et danses de chaque territoire, quelles que soient leurs formes et leurs origines. Cette ouverture à d’autres cultures est également nourrie par leur expérience de transmission et de pédagogie, auprès de publics de tous âges et de tous milieux, qu’il s’agisse de l’enseignement de la danse, de la musique du chant ou encore des sciences sociales.
Une résidence de territoire est un moment privilégié de rencontre et d’innovation ou l’enjeu est d’assurer un cadre de création stimulant tout en laissant une grande liberté aux différentes parties prenantes. L’ouverture à d’autres disciplines artistiques (photographie, arts plastiques, théâtre, danse…) permet de répondre au mieux aux envies que sont susceptibles de formuler habitants et acteurs du territoire et constitue pour la compagnie un véritable laboratoire de recherche esthétique et sociale.
Faire l’expérience d’un territoire
La disponibilité de l’équipe pour sentir le pouls des choses et se laisser surprendre par le contexte est essentielle à l’écriture collective d’un projet artistique sur-mesure. Même sans structure d’envergure professionnelle ou compagnie de renom, ils sont convaincus que chaque territoire fait l’objet d’initiatives artistiques. Les déserts culturels n’existent que dans l’imaginaire de ceux qui ne mettent jamais les pieds sur le terrain. Les artistes de la compagnie ont en commun de porter un intérêt sincère aux cultures populaires sans chercher à les opposer à d’autres formes plus légitimes ou reconnues.
Des événements tels que le carnaval, le corso fleuri, les marchés, les festivités agricoles, peuvent être support
d’un travail artistique. L’histoire d’un territoire, ses figures tutélaires, ses légendes urbaines, ses dynamiques
sociales, son paysage, sont autant de sujets qui peuvent tisser la trame d’un spectacle et susciter une réflexion
et une mobilisation collective autour du processus de création.
Se rencontrer à travers une expérience artistique partagée
La mobilisation des publics passe par la conception et la réalisation d’interventions artistiques ou pédagogiques au sein des structures afin de permettre une première rencontre à travers une expérience esthétique. Il peut s’agir de concerts-mobiles reçus dans des lieux inattendus du territoire, de bal chorégraphiés, d’expositions, de temps de débats…
Ces dispositifs sont conçus comme des temps de collecte où les artistes repèrent et recueillent des paroles et les points de vue des participants.
Créer des collaborations inattendues
L’intervention d’une équipe artistique extérieure crée souvent une perturbation, de l’extraordinaire et permet de questionner de manière renouvelée un territoire et ses acteurs. Les créations d’Antiquarks suscitent des collaborations inédites entre structures, convient des publics aux pratiques artistiques différentiées. Ici la surprise, la poésie, sont moteur d’innovation culturelle et sociale.
Faire progresser les logiques de co-construction
Il leur semble stratégique de penser une progressivité des logiques de co-construction au fil de la résidence. L’organisation d’ateliers et de représentations auprès au sein des différentes structures est parfois une première étape pour ensuite penser la mixité et la mobilité des publics entre ces dernières.
Célébrer le potentiel artistique d’un territoire
Les spectacles issus de ces dynamiques de résidence sont l’occasion de valoriser le potentiel artistique de chacun et de réunir amateurs, professionnels, habitants autour d’une dynamique collective de création.
DJ à 14 ans, Richard Monségu découvre la percussion et le chant au lycée. Attiré par la littérature, les pratiques artistiques, la philosophie et l’ethnomusicologie, il étudie la sociologie et l’ethnologie à l’université Toulouse Le Mirail et obtient en 1999 un DEA de Sciences Sociales à Lyon II.
Il multiplie les expériences musicales sur scène et en studio (une dizaine d’albums) dans les esthétiques world, chanson, reggae, trad, électro, jazz, rock. Pendant une dizaine d’années, il enquête et participe en tant que musiciens aux fêtes et mariages algériens, marocains, guinéens, sénégalais, afghans, gitans, etc. Cette pratique musicale peu ordinaire de terrain lui permet de développer un jeu personnel très apprécié par les danseurs et musiciens de différentes cultures.
Dès 1995, il diffuse son travail sociologique et artistique sur les « cultures musicales d’exil » par des conférences, articles ou interviews. Il contribue activement à l’élaboration du CD « Musiciens du Maghreb à Lyon » produit par le CMTRA en 1996.
Il a enseigné l’anthropologie et la sociologie à l’université Lyon II, les percussions et la batterie au CNN de Lyon, et intervient à l’Université Populaire de Lyon depuis 2011.
Richard Monségu se consacre à la composition, la création et l’arrangement avec son partenaire Sébastien Tron depuis 1999. Ensemble, ils réalisent plus d’une dizaine de projets entre spectacle et ciné-concert, création participative et transmission, conférence et workshop.
Sébastien Tron
Compositeur, arrangeur & Interprète, vielle à roue augmentée, piano, voix, machines
C’est à travers une éducation populaire autour des musiques et danses traditionnelles françaises que Sébastien fait ses premiers pas sur scène, en famille, entre festivals, fêtes de village, stages et animations. Enfant, il apprend le piano, aux frontières du classique, du jazz et de l’improvisation.
A 11 ans, son père l’encourage à jouer la vielle, un instrument intriguant qui deviendra plus tard « l’usine à son » d’Antiquarks, qu’il enseigne depuis ses 14 ans (CMTRA…).
En 1996, il rencontre l’artiste Richard Monségu avec qui il découvre les musiques traditionnelles extra-européennes et la pratique des tambours. Il s’installe à Lyon en 1998 pour ses études : attiré par le vivier de chercheurs pluridisciplinaires de l’IRCAM, il étudie les sciences physiques (UCBL Lyon1) et suit des cours de composition électroacoustique et d’informatique musicale (SONVS – CNSM de Lyon). L’apprentissage des tambours basses de la musique d’Afrique de l’Ouest nourrit son jeu et crée une valeur ajoutée à sa pratique instrumentale (piano, synthétiseurs, vielle à roue électrique).
En 2002, il rejoint le collectif grenoblois Mustradem au sein du groupe Djal avec qui il tourne dans de nombreux festivals en Europe. Depuis 2017, il compose et interprète la BO du BD-concert « Groenland Manhattan » avec l’accordéoniste Stéphane Milleret.
Avec Antiquarks, il développe une recherche singulière sur les textures, les effets, l’échantillonnage et l’acousmatique. Il se spécialise dans la réalisation d’albums studio, la conception sonore, la prise de son et introduit l’informatique sur scène. Il signe également la réalisation de deux clips en tant qu’illustrateur, animateur et monteur. Il mène un projet de lutherie numérique autour d’un projet de vielle à roue polyphonique.
Du duo à la compagnie
Artistes engagés et musiciens passionnés, Richard Monségu & Sébastien Tron sont compositeurs, orchestrateurs, arrangeurs de répertoires hybrides (électrique et acoustique) et réalisateurs post-prod.
Créateurs nomades, ils ont réalisé plus de 600 concerts en France et dans le monde (Mexique, Autriche, Portugal, Bolivie, Italie, Turkménistan, Suisse…).
Antiquarks rassemble ses recherches artistiques sous le terme « interterrestre ». Leur création est une
reconstruction conceptuelle qui tente de retrouver ce que la musique française des cinquante dernières années a refoulé dans son histoire musicale, et tout particulièrement son rapport avec les formes musicales des cultures colonisées.
Le processus créatif est axé sur les rythmes, phonèmes vocaux et timbres instrumentaux des musiques populaires et savantes de traditions orales des musiques Noires (Afrique, Antilles, Caraïbes), des Amériques (musiques amérindiennes & afroaméricaines) et du pourtour méditerranéen. Un travail spécifique sur l’esthétique sonore, qui passe par la modification de la lutherie traditionnelle de la vielle à roue, la création de samples à partir des sons de la vielle, jusqu’au mixage des compositions pour le studio ou la scène.
Leur travail musical se rapproche des explorations sonores audacieuses rock, jazz et contemporaines des années 70 : goût de l’album concept, de la musique épique ou intime, de l’improvisation, sans oublier les influences des musiques traditionnelles extra-européennes et des percussions en particulier.
De 2014 à 2018, le duo consacre ses créations aux corps dans tous ses états. Le corps rieur de Rabelais avec le Bal Interterrestre et Homo Rictus, fresque humaniste de visages grimaçants. Le corps émancipé de la fête avec Kô (concert + livre-CD + oeuvre numérique). Le corps féminin aliéné par la domination masculine avec la création de la Bande Originale du spectacle de danse Lune Bleue (Cie Madjem).
Chaque création est ainsi un objet de recherche esthétique et un défi artistique proposé sous la
forme de concerts, albums, créations participatives ou événements citoyens.
Ils investissent le terrain de la transmission et travaillent sur la question du territoire et de ses habitants avec des projets de médiation entre création participative et pédagogie de la création, conférences et workshops. Ils reçoivent le « Prix de L’Audace artistique et culturelle 2014 » délivré conjointement par le Ministère de la Culture et de la Communication et le Ministère de l’Education Nationale. Ce prix récompense des projets exemplaires en faveur de l’accès des jeunes aux arts et à la culture. De 2015 à 2018, ils sont sollicités par le dispositif CTEAC en Drôme Provençale.
En 2019, la cie Antiquarks porte la direction artistique d’« Afriquarks – l’Afrique du futur ». C’est l’un des
12 projets retenus pour le défilé de la Biennale de la Danse 2020, « le plus important et ambitieux des festivals de danse au monde » selon le New- York Times. Antiquarks mène une création francosénégalaise avec le chanteur dakarois Souleymane Faye en lien avec la saison Africa 2020 portée par l’Institut français.
Rencontre avec Victoria Kapps, Présidente de l’ADFIG
(association pour le développement du Festival International de la Géographie)
Le festival, d’envergure internationale, grandit d’année en année. Comment expliquez-vous son succès ?
Déjà par sa longévité. Nous organisons cette année la 31ème édition. Puis par la volonté d’aborder un thème d’actualité qui parle à la fois aux universitaires et professeurs mais aussi au grand public. Nous avons eu le parti pris de développer cette partie « festival » afin que ce ne soit pas juste un colloque de géographie.
Pourquoi avoir choisi « Climat(s) » comme thématique cette année ?
Nous avions comme thématique la migration l’année précédente. Le climat est un réel thème d’actualité qui est très étudié actuellement. Nous souhaitons développer des thèmes qui nous sont chers et qui nous questionnent tous.
Le festival cette année se tient dans un contexte sanitaire inédit. Quels ont été les changements apportés et comment avez-vous vécu l’organisation étant donné la situation ?
Nous avons fait des changements importants, dès le départ depuis plus de 6 mois. Nous avons réduit les propositions de conférences afin de pouvoir accueillir les gens dans de bonnes conditions. Nous avons alloué plus de temps entre chaque conférence pour le nettoyage, avons choisi une plus grande salle et avons réduit les jauges de chaque site afin de respecter la distanciation et les mesures imposées. Nous étions à l’affut de toutes les informations officielles à ce sujet. Nous voulions maintenir le rendez-vous coute que coute, même si nous étions conscients qu’il y aurait quelques rendez-vous manqués à cause du covid.
Vous comptez sur de nombreux bénévoles chaque année. Un petit message pour cette force vive?
Nous avons des bénévoles et la ville de Saint-Dié-des-Vosges met à notre disposition de nombreux agents. Il faut leur tirer notre chapeau car malgré le contexte ils ont assuré avec leur bonne humeur pour accueillir le public dans les meilleures conditions possibles. Nous avons reçu de très bons échos.
La culture pour tous est un levier important… comment rendez-vous accessible cet événement au grand public (adultes et enfant) ?
De plusieurs manières, en proposant plusieurs sites. Nous avons le salon du livre, le salon de la gastronomie, le salon géo numérique (cartographie, géolocalisation). Nous souhaitons, avec ces thèmes qui plaisent à tous, nous adresser à tous les publics et attirer tout doucement des personnes qui au départ ne l’auraient pas été.
Nous avons aussi mis en place de mini conférences, un format plus adapté au grand public. Nous avons proposé des conférences hors des salles, dans des lieux de passage, afin d’inciter les gens à s’arrêter et écouter les conférenciers qui vont proposer un autre mode de conférence plus accessible.
Il y a aussi le FIG junior pour les lycéens et collégiens, mais qui a malheureusement été mis un peu entre parenthèse cette année.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les invités phares du festival cette année ?
Nous avons pu accueillir des personnes dynamiques qui ont été une vraie bulle d’oxygène en jouant leur rôle lors des conférences et dédicaces. Pour en citer certains :
Michel Bussi, Président du FIG 2020
Le premier succès littéraire vient en 2011 avec Nymphéas noirs (ed. Presse de la Cité), début d’une longue série de romans qui font de lui aujourd’hui l’un des auteurs français les plus lus en France, mais aussi à l’étranger. Si depuis quelques années, il a suspendu sa carrière de géographe, directeur au CNRS, Michel Bussi n’en est pas moins aux aguets du monde qui l’entour. Un monde qui parfois l’inspire pour écrire ses romans.
Isabelle Autissier, Grand témoin du FIG 2020
Aventurière, elle est la première femme navigatrice à avoir accompli un tour du monde en solitaire. Ingénieure agronome, spécialisée dans la science de l’exploitation des ressources de la mer, Isabelle Autissier n’a donc jamais tourné le dos à la mer. Ecrivaine de talent, ce sont ses expéditions dans l’Arctique et l’Antarctique qui lui ont inspiré ses plus beaux romans. Militante, engagée dans la défense de l’environnement et de sa pédagogie, elle est aujourd’hui présidente de WWF.
JuL, Président du salon du livre 2020
Normalien agrégé d’histoire diplômé de chinois, Jul, parrain de BD 2020, a opté pour la voie du dessin de presse. Il a commenté l’actualité durant quinze ans pour Charlie Hebdo avant de publier sa première bande dessinée en 2005 Il faut tuer José Bové (ed. Albin Michel). Le succès vient avec Cinquante nuances de Grecs (ed. Dargaud) et avec la série Silex and the City. Passionné par les mélanges des lieux et des époques, il aime jouer avec les mots pour faire passer l’humour et les messages, à l’image des strips Coloc of Duty (en partenariat avec l’AFD), qui racontent le quotidien de trois colocataires face au défi de l’avenir de notre planète.
Les habitants de Saint-Dié-des-Vosges apprécie ce rendez-vous ?
Oui, beaucoup. C’est une mise en lumière de leur ville pendant 3 jours. Un rendez-vous qui permet aux habitants de voir leur ville investie par des intervenants, des têtes d’affiche. Un rendez-vous d’envergure littéraire, académique et adressé au grand public.
Quelle est la vision de l’ADFIG sur les climat(s), le réchauffement climatique, la situation environnementale… et tous les changements que l’homme a su faire … plutôt positive ou négative ?
Plutôt positive. Nous organisons des événements comme celui-ci pour que les idées divergent et qu’on soit tous sur une volonté de faire avancer les choses. Ce qui est extraordinaire ce sont les rencontres qui peuvent se faire entre différents cœurs de métier. Pour donner un exemple, nous avons eu comme invité le Capitaine des pompiers de la ville de Saint-Dié-des-Vosges qui a rencontré des spécialistes. Ils vont rester en lien et travailler ensemble et partager leurs travaux.
Rendez-vous pour la 32e édition du Festival International de Géographie !
1, 2 et 3 octobre 2021
Thème : «Corps» – Région invitée : «Europe(s)»
Hélène Tisserand, comédienne et metteure en scène et Pierre-Marie Paturel, comédien et magicien, Compagnie Le Plateau Ivre
Une saison pas comme les autres les amène à créer La Zone…
Au départ, comme 1ère piste pour répondre aux mesures imposées par la crise sanitaire, la compagnie Le Plateau Ivre a pensé réunir des groupes de 10 personnes, 2 fois par jour, avec les acteurs au centre et le public qui déambule autour.
Puis la question du théâtre fermé s’est posé. Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Qu’est-ce qu’il y a de si grave, au-delà du virus, qu’un théâtre fermé ? Que se passerait-il ?
Et de là est né quelque chose de suspect. L’envie de créer la rumeur autour de ces questionnements.
L’image des médias est arrivée vite lors de la création pour montrer comment les médias s’emparent du scoop.
La Zone a été inspiré des textes de Matei Visniec qui raconte l’homme dans le cercle et comment au fur et à mesure dans la ville, on voit fleurir tout un tas de cercles de craie avec des gens à l’intérieur, pour se protéger.
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Extrait de « Théâtre décomposé ou l’homme-poubelle » de Matei Visniec
« Si je veux être seul, je m’arrête, je sors la craie noire dans ma poche et je trace un cercle autour de moi. Dans mon cercle, je suis à l’abri. Personne n’a ni le droit ni le pouvoir de m’adresser la parole si je me trouve dans mon cercle. Personne n’a ni le droit ni le pouvoir d’y entrer, de me toucher ou même de me regarder trop longuement.
Quand je suis dans mon cercle, je n’entends plus les bruits de la rue, les vagues de la mer ou les cris des oiseaux. Je peux y rester, sans bouger, aussi longtemps que je veux. Rien de ce qui se passe autour de moi ne m’intéresse plus. Le cercle m’isole du monde extérieur et de moi-même. C’est la félicité totale, c’est la paix.
A l’intérieur du cercle on ne sent plus ni le froid ni la faim ni la douleur. Le temps s’arrête, lui aussi. On plonge dans l’abstraction comme dans un rêve protecteur. On devient le centre du cercle. »
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C’est un rapport fort au confinement avec l’idée de rester chez vous en toute sécurité. Ce petit texte de Visniec résonne beaucoup avec la situation.
Pour « La Zone », nous avons choisi des monologues de personnages qui sont enfermés dans leurs situations. Nous les avons fait vivre ça bien, de manière positive, même si la situation ne l’est pas. C’est un monde différent, mais un fonctionnement normal.
Et puis ça vient nous questionner sur nos libertés. Il y a un aspect mythique qu’on a voulu mettre en scène.
Un autre texte de Visniec nous a également : Le Lavage de Cerveau. Cette idée d’aller au centre du lavage de cerveau une fois par an pour renaître. Le parcours de ce spectacle était d’ailleurs imaginé au départ comme une boucle où les gens pouvaient déambuler, y rentrer puis ressortir. Mais en terme de mise en scène, avec les 6 acteurs, cela était trop compliqué.
Finalement c’est un parcours en pleine montagne avec le personnage de Mélanie Bauer dans son rôle d’investigatrice qui guide le public et fait le lien entre tout cela.
Elle est dans notre monde réel, mais un peu frappée, puis entre deux et pour finir par entrer dans ce monde autre.
Elle nous rassure au début et nous donne l’envie de glisser vers un monde différent, plus frais. C’est un travail sur la perte de repères. Le public se retrouve au Théâtre de verdure, mais ne sont pas dans l’endroit habituel. C’est un vrai voyage initiatique.
« LA ZONE » EN IMAGES…
Le Plateau Ivre aujourd’hui et demain…
Nous avons pu lancer la saison 2020 du Théâtre de Verdure. Cela nous a demandé beaucoup de travail dans un délai très court, avec une commande d’écriture auprès de Sébastien Houbre pour la balade contée, une commande de photographie auprès d’Emmanuel Pierrot et une commande de série vidéo auprès de Tristan Bordmann. Ce sont des petites capsules à droite et à gauche pour que l’énergie du lieu ici à Vagney transpire à l’extérieur sur le territoire des Vosges.
Nous avons donc accroché une dizaine de portraits photo dans 8 communes des Vosges. La balade contée qui fait le lien avec ces photos, mais aussi avec ce qui peut se passer dans cette Zone.
Nous avons pris le pari de proposer quelque chose tous les jours. Nous nous sommes dit que si nous avions les autorisations de faire cela maintenant, il fallait le faire maintenant.
En septembre nous reprenons notre résidence de recherche sur l’agglomération de Saint-Dié-des-Vosges, et ce jusqu’en 2021. Nous mettrons en place des ateliers en lien avec la ville et le territoire.
Puis il y a aussi nos prochaines créations : le cabinet de curiosités et la boîte mobile.
Le cabinet de curiosités verra le jour en 2021, la boîte mobile de curiosités en 2023.
L’idée au départ était de mettre toute l’énergie qu’on met dans le Théâtre de Verdure et la mettre dans une petite boîte qui peut être nomade et arrivée dans les villes. Encore une fois cette idée de perte de repères et de voyages initiatiques. Il se passe des choses dehors, il se passe des choses dedans.
A côté de cela, nous aimerions que « la Zone » puisse trouver sa place dans le théâtre de demain. Etant en extérieur, cela peut facilement se décliner sur tout le territoire. La balade contée peut aussi se rajouter au projet. Et ce personnage de magicien dans « La Zone » qui peut aussi nous ramener au cabinet de curiosités. Tout peut très bien s’imbriquer.
Nous sommes toujours en convention avec la DRAC, le Conseil départemental des Vosges, la Communauté des communes et la commune de Vagney sur le territoire des Hautes Vosges avec toutes les manifestations que nous menons :
Le Théâtre de Verdure l’été
L’Equinoxe au printemps et à l’automne avec un travail avec les amteurs
Le Théâtre au coin du Feu en hiver avec des petits spectacles chez les particuliers, associations et entreprises
Le Festival Mai en Scène à Gerardmer
L’école du spectateur qui est tout un dispositif que nous proposons aussi pour amener les scolaires ici.
Nous sommes aussi en train de préparer l’après et d’aller vers une structuration de la compagnie. Le climat n’est pas au beau fixe pour la culture, mais il faut plus que jamais qu’on s’entoure. L’année dernière on avait pu être à Avignon et démarrer la saison au Théâtre de Verdure en même temps. Ce n’est pas possible d’être les pilotes sur tous les fronts, alors c’est très important d’avoir une vraie équipe.
Le confinement en tant que compagnie de théâtre …
Nous avons vécu le confinement un peu comme un trou noir.
On a eu la chance d’être en contact avec nos partenaires pendant toute la durée du confinement afin de leur expliquer nos décisions prises quant à la saison estivale et comment on allait rebondir.
Pour la culture, les répercussions vont être assez longues car tout est reporté sur un an. Nous savons dores et déjà que ceux qui n’ont pas pu faire de représentation cette année vont prendre la place l’année prochaine. Cela ne laisse pas beaucoup de place à la nouveauté et la création.
Le confinement a eu du positif aussi. Cela nous a conforté dans notre choix de ne pas être qu’artiste créateur de spectacles. Je pense que c’est important de multiplier sa façon de travailler et sa façon d’être visible. Nous savons le faire, nous y arrivons encore et nous ne sommes pas encore complètement épuisés pour ça. Le danger c’est d’arriver dans une grande braderie du spectacles parce qu’il faut cachetonner.
Nous étions aussi ravis que toute l’équipe suivait la proposition de cette saison.
C’était difficile d’être sur la création pendant le confinement parce que les choses avaient un peu perdu de sens, sur les projets initiaux. « Pourquoi je monte cela ? », « qu’est-ce que je dis par rapport à ça ? », « est-ce que j’ai encore envie de ça ? »… une réelle remise en question.
Nous avions au départ imaginé proposer notre création « Burn Out » au Théâtre de Verdure avec une vraie recréation du spectacle. En parlant avec la metteure en scène Marie Denys, nous avions conclu que la thématique ne semblait pas coller avec les circonstances, avec l’actualité. Nous n’avions plus le même besoin et ne trouvions plus le sens. Ce confinement aura reflété une quête de sens.
La place du numérique dans la culture…
Pour notre festival Mai en scène pour la ville de Gérardmer, annulé en raison de la crise sanitaire, nous avons réussi à assurer quelque chose par le biais de capsules vidéo que nous avons pu créer agvec notre group d’amateurs participant à l’atelier.
Pour « La Zone », nous avons également créer une série vidéo, réalisée par Tristan Bordmann.
Voici un extrait :
Des GIFs et des outils en ligne ont été créés également pour ceux qui ne sont pas en mesure de se déplacer.
Le numérique est quelque chose qui nous plait beaucoup et sur lequel nous travaillons régulièrement. Cela nous permet d’aller chercher d’autres choses, d’autres regards. Nous avons de la chance de travailler avec des personnes qui viennent apporter un autre regard à la mise en scène, au sens large.
La Compagnie Le Plateau Ivre s’est mis en jeu dans l’espace public au mois de mars, juste avant la crise sanitaire.
Ce moment vient s’inscrire dans le cadre de leur résidence artistique au sein de la communauté d’agglomération de Saint-Dié-des-Vosges (3 sites : la NEF, Georges Sadoul et le Musée Pierre Noël) et dans les projets de création de la compagnie.
Cette sortie dans les rues a permis de révéler la curiosité des habitants. Le but était de créer des espaces intimes au cœur de l’espace public et de créer des histoires. Avec la caméra obscura installée dans la remorque, un travelling a été créé, avec Pierre-Marie, le magicien, qui représentait le regard.
On vous laisse découvrir en images…
Crédits photos : CD88/MEghtesad
Au mois de septembre, ils étaient en résidence à l’Espace Georges Sadoul où ils ont créé autour de leur thématique des « curiosités ».L’Espace Georges Sadoul était alors devenue une grande maison des curiosités et ils ont investi les sous-sols, les greniers et tous les petites espaces qui n’ont jamais été vus. Ils ont détourné des objets et détourné le regard.
La 2ème résidence de novembre, était à la NEF. Ils étaient en immersion au marché de Saint-Dié-des-Vosges. Comment connaître un territoire, c’est aussi en allant à sa rencontre et en allant vers les gens. L’idée était d’ouvrir le regard des habitants et d’éveiller leur curiosité. « Racontez-moi où vous habitez »… « Du marché à chez vous, qu’y a-t-il comme curiosités? » La visite du marché a donné lieu à des témoignages et la création de cette carte sensible, ce tableau, que vous pouvez apercevoir sur la remorque. L’idée était d’aller à la rencontre des gens et montrer qu’une résidence peut aussi se mêler à la vie publique.
Ils ont aussi fait un passage en résidence au Musée Pierre Noël où ils ont travaillé sur les objets avec des ateliers pour enfants autour de l’objet et la curiosité.
D’autres projets sont en cours de création :
2021 – la création d’un cabinet de curiosités autour de la magie de manipulation et du mentalisme.
D’ici 3 ans : une forme de boîte mobile à curiosités. Une espèce de « tiny house », de maison roulante, qui est un élément de scénographie mais aussi un pré-élément qui vient servir le spectacle. Le but de cette boîte mobile c’est d’avoir, sous forme un peu de triptyque, un passage à l’extérieur de la boîte, comme un parcours initiatique où on va trafiquer quelque chose de relativement invraisemblable. Ensuite on va pouvoir l’éprouver à l’intérieur de la boîte mobile. Et après il y aura tout un 360° autour de soi qui donne une espèce de spectacle son et lumières, version théâtrale. Cette boîte viendra s’installer dans l’espace publique.
Rencontre avec Kevin Guellaff, Président de l’association Pl’asso Jeux
Parlez-nous un peu de l’association Pl’Asso Jeux et comment elle a évolué au long des années.
L’association a été créée il y a 12 ans environ. Nous avons fêté nos 10 ans en 2018. Le Festival en est à sa 9ème édition.
Le constat il y a 10 ans était qu’il ne se passait pas grand chose dans le domaine du jeu. Les gens connaissaient très bien les classiques (Monopoly, …), mais n’avaient pas connaissance d’autres jeux alors qu’il existait déjà des jeux tels que Carcassonne ou les Aventuriers du Rail.
Au départ, l’association organisait des animations autour du jeu et proposait des prestations d’animation pour des partenaires sur le territoire. L’association a très vite voulu eu comme projet de faire un événement structurant.
Nous avons rencontré des partenaires clés, de nombreuses structures ludiques de la région, et nous nous somme mis d’accord pour créer un festival. Aujourd’hui, les festivals de jeux existent un peu partout en France et en Europe.
En quoi le jeu est-il important et doit être considéré comme partie intégrante de la culture ?
Le jeu apporte du lien social. C’est la pierre angulaire du bien vivre ensemble. On jouait avant même d’être civilisé.
Il développe des compétences chez le petits comme chez les grands. Les jeux d’adresse développe la motricité fine et globale. Les jeux de société développe le mental. Il développe également le processus créatif, très proche de celui de la BD et du livre.
Il existe des jeux extrêmement intelligents et innovants qui développe l’esprit d’analyse, de critique, ainsi que sa culture générale.
Le jeu est un objet à part entière de la culture et un outil pédagogique par excellence.
Quels ont été les étapes marquantes pour l’association Pl’Asso Jeux pour arriver au succès que vous rencontrez aujourd’hui ?
La 1ère étape était de faire vivre l’association. Le 1er festival représentait un an et demi de travail avec nos partenaires pour être certain qu’on partageait les mêmes valeurs et pour apprendre à s’organiser à plusieurs.
Il s’agissait de fédérer un réseau et trouver des gens qui partageaient notre vision.
La 1ère édition a accueilli 6000 visiteurs. Nous avions prévu un festival tous les 2 ans au départ, puis nous avons reçu énormément de demandes.
Au départ, le festival était co-organisé par plusieurs structures. Entre la 4ème et 5ème année, le festival a été porté par l’association Pl’Asso Jeux avec un comité de pilotage de plusieurs partenaires pour travailler à garder l’ADN du festival initial.
Après plusieurs éditions à succès, ce n’est plus nous qui partons à la recherche de partenaires… ce sont eux qui viennent vers nous. On a même dû en refuser. C’est un signe de la bonne évolution de notre projet.
Qu’avez-vous comme projet pour la suite du Festival ?
Nous avons réellement l’envie de créer des conférences durant le festival avec des experts-intervenants. En 2019, nous avons organisé plusieurs conférences autour de différents thèmes : le jeu dans la culture, autour de l’image, la mécanique derrière la conception d’un jeu, le jeu et la petite enfance. Nous aimerions que des conférences clés rentrent dans la programmation du festival.
LE FESTIVAL EN IMAGES…
Le Festival Jeux et Cie est structuré en plusieurs espaces de jeux. En voici un petit échantillon :
ESPACE JEUX DE RÔLE -GRANDEUR NATURE
Le Trollball
Un sport ludique crée au Québec privilégiant le fair-play. C’était à l’origine une adaptation du Blood-Ball de Warhammer. Le Trollball est un mélange entre l’escrime et le handball dans un thème médiéval-fantastique, mais vous pouvez l’adapter à n’importe quel univers fictif ou non.
A.J.E.B. / Page Facebook : TrollballNancy
Lorraine Quidditch
(Golbey, Nancy, Metz)
L’équipe des Louveteaux accueille les jeunes de 8 à 16 ans.
Page Facebook : @QuidditchLorraine
ESPACE JEUX DE RÔLE – SUR TABLE
ESPACE JEUX DE FIGURINES
Forge-Mondes
(Epinal)
L’association propose une initiation à la peinture de figurines.
Page Facebook : @forgemondes
BOUTIQUES DE JEUX
La Boutique de jeux d’occasion du Festival
EDITEURS DE JEUX DE PLATEAU
ESPACE JEUX DE PLATEAU
ESPACE ENFANTS ET FAMILLES
Spina Bricks – L’Expo des passionés des petites briques
man.vosges@nonviolence.fr et non-violence.fr
Développer une culture de la non-violence débute dès le plus jeune âge. L’éducation non-violente vise à apprendre aux enfants à résoudre de façon positive, sans recourir à la violence, les inévitables conflits. Elle permet à l’enfant de prendre confiance en lui-même, d’intégrer le sens des lois et des règles, de vivre des expériences de coopération et de cheminer vers l’autonomie.
AMNESTY INTERNATIONAL
Présentation des jeux conçu par Amnesty International Epinal, tel que la Déclaration Universelle des Droits Humains
Imaginée et réalisée par la Maison pour Tous en 2016, la Semaine des Arts devenue Quinzaine des Arts en 2019, propose un moment fort culturel et artistique permettant de créer du lien et de faire vivre une ruralité diverse et riche de ses talents.
La Quinzaine des Arts se tient en ce moment même et se poursuit jusqu’au 22 mars 2020.
Au programme de la Quinzaine : concerts, théâtre, cinéma, rencontres avec des artistes et des auteurs.
Culture C Nous était sur place le samedi 7 mars pour découvrir les auteurs et artistes qui exposaient leurs oeuvres au Gymnase de Darney. Il y en avait pour tous les goûts : sculpture, aquarelle, pastel, arts graphiques, photographie, troc de livres et débats.
Une après-midi de découverte pour toute la famille suivi d’un concert sous le signe de la bonne humeur.
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
PEINTURE
Syvlie Magnier, peintre sur toile fascinée par la féminité, thème central de ses oeuvres.
Gagnante du 2ème prix du public lors de la 10ème rencontre artistique Mirecurtienne en avril 2019.
Gisèle Seyller, peintre
Elle propose des cours de peinture aquarelle, pastel et huile à Damblain et environ
POTERIE
PEINTURE / LIVRE
Marie Nowakowski, auteure et peintre depuis plus de 25 ans, propose un univers coloré et plein d’imagination qui raconte une histoire.
Roger Poinsot, romancier – peintre
Médaille argent expo internationale Lyon 2017
PHOTOGRAPHIE
Les habitants de Darney et environ se sont prêtés au jeu avec des photo booths installés sur place. Et pour le plus grand plaisir des visiteurs, l’impression en direct des photos était proposée.
ARTS DECO
Elisabeth Marquaire, artiste
L’art de transformer l’ordinaire en extraordinaire.
Elisabeth crée des oeuvres pour la vente mais également dans le cadre d’animation d’ateliers au sein de différentes structures. Nous avons découvert sur place une valise animée sur le thème de l’Afrique créée avec des éléments de récup et de la nature. Elle a également crée par le passé un totem sur le thème de l’immigration.
SCULPTURE SUR PIERRE
CONCERT
NEW ORLEANS MUSIC SYSTEM
Vêtus de gilets de costume colorés, le New Orleans Music System nous ont offert un concert plein de vie comme se veut la tradition de la Nouvelle Orléans. Leur repertoire est celui de la musique New Orleans, mais pas que… On y entend aussi les standards de Jazz ou de Bossa Nova (Louis Armstrong, Duke Ellington, Antonios Carlos Jobim, etc…)
Les habitants de Darney et environ ont pu entendre des morceaux tels que Les Rues d’Antibes, Petite Fleur, Oh when the Saints, Sweet Georgia Brown, C’est si bon, …
Des musiciens qui ont su faire rire la foule et apporter bonne humeur tout au long de la soirée.
Pour plus d’informations sur la Quinzaine des Arts et la Maison pour Tous de Darney :
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce métier-passion ?
Je suis originaire de Bussang. Quand les copains partaient en colonie de vacances, moi j’allais trainer au Théâtre du Peuple où je vendais des glaces, je tenais des petits rôles, … C’était presque écrit que j’allais faire du théâtre, alors par esprit de contradiction je ne voulais pas faire ça !
J’ai fait un sport-études équitation, puis un jour j’ai tout arrêté et je me suis un peu retrouvé entre deux. Un jour l’ancien directeur du Théâtre du Peuple m’appelle pour me dire qu’il manquait une personne dans la promotion à l’Ecole Nationale d’Art Dramatique de Montpellier aux côtés d’Ariel Garcia Valdès. Il a pensé à moi. J’ai commencé cette école un peu comme ça alors que d’autres s’arrachent les yeux de la tête pour y rentrer. Je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait.
Finalement, ce sont des rencontres avec des personnes qui font que…
Vous êtes revenu vivre et travailler dans votre région d’enfance. Pour vous, qu’est-ce qu’il y a d’unique dans les Vosges ?
Le parcours de la compagnie Madame Oldies est un peu particulier parce que j’ai beaucoup bougé entre Montpellier, Saint Etienne (artiste-associé à la Comédie de Saint Etienne) et Paris. La compagnie m’a accompagné tout le long, mais elle s’est vraiment construite ici dans les Vosges.
Nous avons recréé un vrai noyau dur artistique et administratif et nous avons pu tisser de vrais liens et échanges avec nos partenaires, que ce soit nos tutelles ou les professionnels. Et c’est ça qui est unique. Cela prend du temps, mais ça marche.
Ce n’est pas plus facile que dans d’autres régions, mais c’est ici que ça s’est fait pour nous. Et je suis très content de tout ce renouveau qu’il y a dans la compagnie et dans l’équipe.
Vous avez une vraie signature au niveau de l’écriture. Pourquoi avoir choisi de raconter vos histoires avec tant de poésie et d’humour noir et grinçant ?
Tout d’abord j’ai été marqué et inspiré par des auteurs en tant que metteur en scène et personnellement, en tant que lecteur.
Il y a Copi, auteur argentin complètement surréaliste, fou, extravagant avec des situations abracadabrantesques et des personnages dingues un peu à la Pedro Almodóvar, où tout le monde se shoote et se baise … et c’est normal.
Il y a eu également Friedrich Dürrenmatt. Je dois dire que c’est ma rencontre dramaturgique. Il écrit des histoires dingues, immenses, exagérées, et en même temps complètement politisées, humanistes et populaires. Et il raconte tout cela sous forme d’humour.
Lorsque j’ai découvert cet auteur, je comprenais pas pourquoi ses pièces n’étaient plus montées. Aujourd’hui, le théâtre populaire, drôle, divertissant et un peu engagé a vraiment perdu ses lettres de noblesse. Encore que, je trouve que l’on y retourne tout doucement. Je pense que par le divertissement on peut raconter toutes les horreurs du monde, tous les sujets du monde et faire réfléchir les gens.
Puis à un moment donné je me suis dit qu’il était temps que je m’affirme en tant qu’auteur. Je me suis donc repositionné.
Et pour finir, cet humour est ma nature. Je préfère me moquer de moi-même que de m’apitoyer dessus.
Le rire n’est pas forcément un rire sonore. Cela peut aussi être un rire qui fait pleurer. La pièce « Ma Chair est Tendre » est un spectacle où certaines personnes vont rire à des choses, d’autres en seront gênées et d’autres y seront sensibles. J’aime bien ce genre de mixeur d’émotions vives et express.
L’autorisation de la folie est clé pour moi. Ne pas s’autoriser à être fou, ça rend dingue. Aujourd’hui on est dans une société où tout le monde fait attention à tout. Tout le monde se dit marginal et en même temps tout le monde fait comme tout le monde. Et on pète tous les plombs. La société ne va pas très bien…
MA CHAIR EST TENDRE
Vous pouvez nous faire un pitch d’enfer pour « Ma Chair est Tendre » ?
C’est l’histoire d’un homme de 40 ans qui est tout seul. L’âge, il n’arrive pas à le digérer. Il va manger pour combler. Et en mangeant, la moindre chose devient vecteur à s’inventer une histoire pour fuir une réalité.
La nourriture a une place centrale sur scène (jusqu’à vous servir de masque de farine tel un clown mi-comique, mi-tragique). Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce n’est pas la place que j’ai voulu donner à la nourriture, c’est la place qu’elle a. Tous les jours elle est avec nous. On se réveille, la 1ere chose que l’on fait est manger. On se retrouve entre amis, on mange et on boit un verre. On est heureux, on mange. On est malheureux, on mange. Ou alors on ne mange plus du tout et on est en refus de la nourriture. On mange à excès… La nourriture est déjà centrale dans nos vies.
J’ai écrit un spectacle sur un personnage célibataire pour qui la nourriture est sa compagne qui rythme sa journée. La nourriture est centrale dans le spectacle et en même temps on n’en parle pas. Elle est là et elle l’accompagne, tout simplement.
A la compagnie, c’est vraiment une marque de fabrique… Depuis toujours, nos réunions c’est avec pinard et saucisson !
La prochaine pièce de la compagnie s’appelle « Le Fils du Boucher ». Finalement, on en revient toujours à la nourriture !
« Ma Chair est Tendre » parle aussi du corps, à travers cette nourriture. Un peu trop gros ici, un peu trop maigre là. Un peu trop ridé, plus de cheveux, etc… Tout ça c’est à nous et c’est comme ça. Faisons avec et si on regarde bien, cet outil, dans sa singularité, est génial.
Le spectacle commence comme ça et finit comme ça, avec un message positif.
Depuis le début de la création on s’était dit qu’il fallait être très vigilant pour éviter d’être dans un rapport de culpabilisation par rapport à la nourriture. On a une responsabilité, on fait du spectacle et c’est notre responsabilité en tant qu’artiste. On ne peut pas dire n’importe quoi, parce qu’on est dans une démarche populaire et il faut que les choses soient comprises telles qu’elles sont dites. Un enfant en surpoids qui voit le spectacle, il faut qu’il sorte de là et qu’il soit bien avec lui-même. Car le monde ne le sera pas forcément.
« Ma Chair est Tendre » met en lumière les rapports aux autres et à nous-mêmes, avec toutes nos failles, nos peurs, nos pulsions, nos difficultés, nos joies, nos émotions… Pour vous, quel est le message principal que vous avez voulu faire passer à travers cette pièce ? Qu’on a chacun une folie ordinaire, et que c’est OK ?
Oui ! Que ne pas s’autoriser à la folie rend fou.
Le Monsieur ou Madame tout le monde qu’on croise tous les jours est beaucoup plus fou ou folle qu’on peut le croire lorsque l’on voit ce qui se cache derrière. Nous avons tous des vies bien plus palpitantes nous pourrions le croire.
C’est comme dans les films de Yolande Moreau. Pour moi « Ma Chair est Tendre » est dans cette lignée-là. Je n’ai pas cette prétention d’être aussi doué qu’elle dans l’écriture et l’interprétation, mais l’idée de mettre en valeur des petits gens qui une fois rentrés chez eux, ont des vies extraordinaires, me fascine.
D’ailleurs j’avais mené un stage d’écriture au Plateau Ivre il y a quelques temps sur le thème : comment le quotidien devient extraordinaire.
Le réalisateur Emir Kusturica est aussi une grande source d’inspiration avec des petites scènes de vie complètement barrées… et en même temps tout paraît tellement simple et réaliste.
J’aime beaucoup parler de ce qu’on dit marginaux. Et en même temps on est tous en marge de quelqu’un d’autre. Donc finalement tout cela est très banal.
LE FILS DU BOUCHER
Qu’est-ce qui vous a amené à faire le choix de cette création inspirée de la vie d’Edouard II d’Angleterre ?
Ce n’était pas un choix…
En regardant dans ma bibliothèque un jour, je tombe sur une pièce que je ne savais pas avoir qui s’appelle « Edouard II » de Christopher Marlowe. Je lis cette pièce et c’est un véritable raz-de-marée dans ma tête. L’histoire et le personnage me chamboule. Mon souhait est de monter la pièce, mais au vue du nombre de personnages, la production a du mal à démarrer.
Puis je déménage. Et lorsque je fais mes cartons, je tombe sur une autre version d’Edouard II écrit par Bertolt Brecht, un de mes auteurs préférés. Je le trouve beaucoup plus drôle, beaucoup plus satirique. Il a vraiment repris la pièce de Marlowe avec les mêmes personnages, la même trame, mais l’a écrite autrement. Les ayants droits pour Brecht ont rendu l’adaptation impossible.
Tout cela, c’était il y a 10 ans…
Et depuis tout ce temps, Edouard II ne m’a jamais quitté. Je crois sincèrement, sans prétention aucune, qu’un acteur a parfois des rencontres avec des rôles. Je ne dis pas que ça finit bien, mais en tout cas, celle-là en est une.
J’ai eu la chance de mettre en scène un atelier amateur de Artopie. On a travaillé sur les 2 versions d’Edouard II. J’ai réécrit des choses, on a retravaillé des éléments. Puis en discutant avec l’équipe Madame Oldies, j’ai compris que ce que je voulais vraiment faire c’est écrire ma propre version.
L’histoire d’Edouard II est démesurée et extraordinaire. C’est une histoire d’amour qui se déroule sur 30 ans. Des histoires de rois homosexuels il y en a toujours eu, sauf que lui il l’affiche et le revendique. Il était pro mariage pour tous bien avant son époque.
Et puis c’est une histoire de guerre. Une vraie histoire shakespearienne avec des guerres, des alliances, des contre-alliances.
Ce qui m’intéresse c’est de raconter l’histoire d’un roi qui rencontre un homme qui lui fera découvrir l’amour, la passion, l’excès, la liberté. A partir de là, plus rien n’arrêtera cet amour. J’avais envie que cet amant soit, comme Brecht l’avait fait, un fils du boucher, un homme du peuple, loin de la noblesse. J’ai voulu que le centre soit cet amant-là, qui est le déclencheur de tout. La pièce on va la positionner dans la dernière heure de la vie d’Edouard II. Son amant, lui est déjà mort depuis un moment.
Comment s’est passé votre résidence de création à la NEF ? Quels ont été les challenges rencontrés ?
Cela fait 10 ans que ce projet m’accompagne. Cela fait 5 ans que je l’écris. Des versions du texte, j’en ai déjà écrit plein. La 1ère version je l’avais écrite avec autant de personnages que pour Brecht et Marlowe.
Par la suite, j’ai écrit une version avec 4 personnages à huit-clos, proche de l’esprit de Copi.
Puis avec le temps, j’ai voulu raconter Edouard II et pas forcément de le jouer. Comment arriver à glisser moi l’auteur, l’acteur, qui est en route depuis 10 ans pour aller vers cette rencontre avec ce personnage. Comment faire cohabiter tout ça. Et comment écrire cela pour juste 1 acteur et le cadavre qui sera là sous forme de « marionnette ».
A la NEF à Saint-Dié-des-Vosges, l’idée était d’arriver avec toute cette matière-là et de transmettre à Hélène Tisserand (mise en scène) et Marcela San Pedro (chorégraphie) tout ce que j’ai dans la tête depuis 10 ans, en faisant des essais pour voir approfondir la narration. On se rend vite compte qu’on ne pourra pas tout mettre. Cela m’a remis sur les rails pour pouvoir retourner à l’écriture.
Et puis, il y avait un challenge qui n’était pas évident. J’ai envie que mon Edouard ne parle pas beaucoup, qu’il n’en est plus besoin ou plus l’envie. Alors il faut trouver des stratagèmes : la danse, le cadavre, …
Chez Brecht et Marlowe il y a un grand absent dans leurs pièces : le peuple. Moi j’ai envie que toute la trame de l’histoire soit racontée par le peuple. Et en mettant tout cela dans le contexte de 2020 avec le réveil de l’homophobie, la religion, les médias.
Pour finir, il y a un rôle que j’ai eu très envie de mettre en lumière : sa femme, qui était mariée 13 ans avec un roi homosexuel. Elle est française, il est anglais… elle ne comprend rien de ce qu’il dit. Elle se tait. Elle observe. Puis un jour, c’est elle qui va reprendre le pouvoir. Et le jour où elle le fait, alors là, attention.
Pour plus d’informations sur la compagnie Madame Oldies
Rencontre avec la plasticienne-photographe Tiphaine Gondouin
Afin de soutenir la création artistique sur le territoire des Vosges, le Conseil départemental des Vosges ouvre ses portes aux artistes locaux. Quatre artistes ont été sélectionnés par un jury parmi 14 candidats. Tiphaine Gondouin est la 2ème artiste à exposer ses oeuvres. Elle sera suivi par 2 autres artistes vosgiens courant 2020.
Pouvez-vous nous retracer un peu votre parcours ?
Je pratique en labo la photographie depuis la 3ème au collège. Au lycée, pendant les semaines banalisées, j’ai effectué un stage d’entreprise auprès d’un photographe et j’ai continué d’y aller pendant les petites vacances. Après un bac ES, j’ai fait des études d’arts plastiques à l’Université de Strasbourg. J’y ai suivi en parallèle des cours de Lettres Moderne, de philosophie esthétique et de Cinéma.
J’ai énormément aimé étudier d’autres sujets que l’art : les questions sur la société et le monde qui nous entoure, l’économie, la littérature et les sciences, … Cela m’a beaucoup servi dans ma pratique.
J’ai eu parfois du mal avec l’enseignement traditionnelle des arts plastiques (dessin, croquis, peinture, sculpture) au début de ma formation. Par conséquent, j’ai souvent essayé d’imposer une réponse photographique à des sujets que l’on nous donnait, quand c’était possible.
J’ai obtenu une maîtrise en arts plastiques puis un DEA en arts visuels à l’Université de Strasbourg, puis j’ai soutenu ma thèse en 2012. Cela a cristallisé beaucoup de choses. C’est un moment hors du temps où l’on peut pousser la discussion très loin sans avoir peur de la critique ou du vide. Un moment rare, unique, déconnecté d’une certaine utilité et du quotidien, qui se focalise sur la beauté des idées et le processus de recherche qui nous laisse entrevoir cet espace de liberté. Sans doute mes meilleures années malgré certaines difficultés.
Je suis actuellement enseignante en arts plastiques et en arts appliqués à l’Ensemble scolaire
Notre-Dame/St Joseph à Epinal, ainsi que professeure en « Histoire de la photographie » et « Histoire de l’Art » à l’Ecole de Condé à Nancy. J’initie aussi les étudiants à la théorie photographique et les suit (avec d’autres intervenants) dans l’élaboration de leur mémoire de fin d’étude.
J’allie mon métier de professeure et la photographie car je souhaite garder la partie pratique tout en continuant d’être pédagogue. Je le conçois comme un tout. J’envisage cela comme un cercle : pratique, théorie, enseignement, communication. J’y trouve mon équilibre. Il m’est nécessaire de connaître la photographie actuelle, les photographes du moment, comment se vend une photo. Il faut être à la page.
Quels sont les artistes d’hier et d’aujourd’hui qui vous ont inspiré tout au long de votre parcours ?
Mes sources d’inspiration sont multiples et variées : la photographie bien sûr, mais aussi la littérature, le cinéma, et aussi des démarches singulières de plasticiens. Je retrouve mes propres interrogations dans des domaines à priori très éloignés, et j’y suis sensible dans ma propre réflexion en retour. Dès que l’on se centre sur le process et moins sur l’image ou le résultat, un médium que l’on travaille, cela me retient. C’est vrai que j’ai été plus inspirée par les anciens.
Pêle mêle, j’aime beaucoup le photographe néerlandais Jan Dibbets, Philippe Gronon et Michael Snow (photo + vidéo). Mais aussi Ugo Mulas, Chantal Akerman, Jorges Luis Borges, Franz Kafka, John Hilliard, Bernar Venet, Marcel Duchamp, Jean-Marc Bustamante… J’ai découvert le travail de Mustapha Azeroual.
Je me suis également penchée sur certains philosophes tel que Jean-Louis Déotte (concept d’appareil en philosophie esthétique) qui m’a inspiré dans mes recherches lors de ma thèse. C’est lui qui m’a offert les portes de sa collection « Esthétiques ». Bien sûr, je reste proche de W. Benjamin et la pensée de R. Passeron.
Et c’est quoi votre définition de la photographie ?
Pour moi, c’est le centre. Une possibilité de comprendre.
Votre photographie est comme une science, comme un laboratoire d’expériences où l’on teste et expérimente… Vous vous décrivez comme une artiste plasticienne faisant de la recherche ?
Le réel est une matière comme une autre. Une matière que je vais transformer en photographie, ou plus précisément, que je vais rendre photographique. Le réel est quelque chose de donné et qu’on doit faire apparaître selon une modalité, un programme, celui de la photographie. Puis nous jouons avec des éléments spécifiques (lumière, cadre) qui permettent au réel d’être là.
L’échec est nécessaire. Nous avons l’idée, le déclic, mais après nous sommes confrontés aux aléas liés à notre corps de plasticien et aux limites données par la matière par exemple. Il faut y être attentif et savoir les voir et s’en servir dans sa création. Cela peut même devenir un autre projet, car l’accident est source de création.
Je fonctionne toujours avec le même procédé. Je mets en place une idée, un protocole. Je crée des process qui réfléchissent sur ce que c’est de faire une photographie. Après, il se passe des choses lors de la pratique et j’accepte ce qu’il vient. Pour moi, la création se situe ailleurs, dans la procédure à l’oeuvre : ne « rien attendre » de l’image photographique à venir. J’aime donner à voir les conditions de possibilités de cet appareil photographique. Je me laisse agir par lui. C’est un travail de découverte et c’est cela qui le rend intéressant.
J’essaie d’inculquer cela à mes élèves. Si ce qu’ils produisent n’est pas ce qu’ils attendaient, ce n’est pas considéré comme un échec. Il y a autant de résultats possibles qu’il y a des personnes dans la classe.
Et pour vous, l’appareil photo fait partie intégrante du processus artistique. « Comment » photographier est une question tout aussi essentielle que « quoi » photographier ? Pouvezvous nous en dire plus ?
Une bonne photo c’est quand les deux se rejoignent. Le quoi sert le comment, le comment sert le quoi. Une prise de conscience que le réel est appareillé par la photographie.
Dans l’ère du numérique, vous prônez l’argentique. Quelle est la richesse et la valeur ajoutée de l’argentique ?
Pour moi le numérique crée une image spécifique qui reste de la photographie. C’est une image fluide directement partageable. Le mode d’apparition du réel n’est pas le même qu’avec l’argentique. L’argentique est lié à une matière, une matrice, une destination différente du numérique. Par exemple, on a du grain au lieu des pixels. On ne crée pas le même type d’image.
Le numérique, sa matérialité, c’est le code, le langage. Le résultat d’un programme qui doit nécessairement se réaliser. Comme le disait J. L Déotte : « une photo numérique n’est pas l’interprétation d’une esquisse (d’un projet), mais la concrétisation d’un code ».
Aujourd’hui on a fait un transfert du monde de l’argentique vers un monde du numérique. L’appareil numérique a synthétisé tous les autres. C’est d’ailleurs sa spécificité.
Personnellement je travaille plus avec de l’argentique, car j’aime faire apparaître le geste, la matière, quelque chose qui m’est extérieur et que je transforme. Mais je ne m’interdis pas de penser au numérique en travaillant sur le code comme matière.
Pour vous les textes sont aussi importants que les photographies ? Pourquoi ?
Le texte pour moi est très important. Il permet d’expliquer ma démarche pour certains. C’est
aussi un travail de texte, dans le cadre de ma recherche.
La transmission vous apporte autant que la pratique ?
J’aime communiquer sur mon travail. J’aime montrer que la photographie peut être multiple.
Je souhaite une réelle prise de conscience à ce sujet et sensibiliser les autres aux différents types de photos possibles. La photographie n’est pas forcément que de l’image mais aussi un acte, une représentation, une matérialité etc.
Quels sont vos futurs projets ?
J’aimerais monter des expositions dans des lieux près de chez moi. J’ai pour projet d’investir un lieu abandonné, inoccupé à Contrexéville.
J’ai également un projet de création de texte à partir d’une série de photographies. L’idée est de raconter la prise de vue sous forme d’histoire (auto-fiction) depuis le point de vue du photographe au moment de la création. Des textes plus fictionnels pour tenter de théoriser autrement la création.